Il s’en prépare de belles dans le système bancaire européen, où le mot d’ordre est consolidation, c’est à dire concentration ! Afin d’améliorer leur faible rentabilité (comparé aux banques américaines), les banques n’ont pas trente-six solutions : diminuer leurs coûts ou grossir grâce à des acquisitions. Le premier exercice a ses limites, de nombreuses suppressions d’emplois étant déjà dans les tuyaux, tandis que la seconde rencontre des obstacles qu’il faudrait lever. C’est en chemin !
Les instances de régulation sont aux bons soins de l’Autorité bancaire européenne (EBA) et de la BCE, qui militent en faveur de cette concentration. Les deux se préparent à abaisser la rigueur de leurs tests et leurs règles prudentielles. Avec comme objectif, en réponse à la demande des banques, de ne pas charger la barque en imposant un accroissement des fonds propres en raison de la taille renforcée des mégabanques, une fois le système « consolidé ». Un terme impropre et trompeur, car le processus pourrait aboutir à sa fragilisation, le prix à payer pour l’amélioration des profits bancaires.
Afin d’y contribuer, l’EBA prépare une mauvaise cuisine en proposant de modifier ses tests de résistance. Ceux-ci reposeraient dorénavant sur deux jambes, les tests tels qu’ils ont déjà été réalisés, et des nouveaux tests effectués sous la responsabilité des banques. L’EBA affirme que les premiers resteront « moteurs dans les décisions en capital », une formule non dépourvue d’ambiguïté, conduisant à se demander si les résultats des seconds ne permettront pas de pondérer savamment ceux des premiers…
Pour mémoire, un rapport de la Cour des comptes européenne avait en juillet dernier critiqué les tests de l’EBA, estimant qu’ils ne reflétaient pas correctement les risques systémiques et qu’ils n’étudiaient qu’un nombre restreint de banques européennes dans 15 pays sur 28. Il ne semble pas qu’elle ait été entendue.
Du lest devrait également être lâché par la BCE, si l’on décrypte les propos d’Andrea Enria, qui est à la tête de son conseil de surveillance prudentielle. Il s’est dit « ouvert à la possibilité de faciliter l’octroi d’exonérations transfrontalières sur la liquidité au niveau individuel, dans la mesure du possible dans le cadre législatif actuel ». Comment raccorder cette souplesse à la préoccupation qu’il a simultanément évoquée en raison des « importantes faiblesses dans les fonctions de contrôle interne des banques » et des « déficiences dans leur gestion des risques, notamment au niveau des capacités d’agrégation des données sur les risques » ? Un ange passe…
Le rideau va prochainement pouvoir se lever sur le prochain acte, celui de la concentration des banques européennes qui n’arrêtent pas de se plaindre de la concurrence inégale qui les oppose à leurs consœurs américaines qui font la loi sur les marchés. Un argument auquel les dirigeants politiques sont fort sensibles.