Les épargnants français « fuient vers la sécurité », lit-on dans la presse qui suggère une sainte frousse. Les chiffres sont là, d’après Les Échos : l’épargne dite sécurisée a atteint 3.300 milliards d’euros, et son montant progresse très rapidement, de 530 milliards d’euros en quatre ans.
Quand il s’agit d’épargner, les dépôts en compte courant, le Livret A ou de développement durable (LDD), ainsi que les fonds d’assurance-vie à capital garanti, sont de loin privilégiés. À société anxiogène, recherche de sécurité ! Quitte à voir ses économies atteintes par une inflation qui s’y prête vu sa faiblesse. D’autant que le rejet de la finance n’incite pas à entrer dans les salles de jeux de son casino, le Loto les remplaçant à l’occasion faute d’avoir les moyens de risquer ses économies dans un monde étranger et opaque où l’on n’a d’évidence pas sa place.
Tout relatif qu’il soit, le bonheur des uns ne fait pas celui des autres, en l’occurrence des banques et des compagnies d’assurance, qui jouent à l’habitude les victimes. Afin d’inciter au développement du crédit et de favoriser la relance, la BCE taxe en effet les dépôts qui s’y réfugient des liquidités excédentaires des banques – au-delà de 1% de leurs dépôts – au lieu d’alimenter le marché interbancaire. Pourtant, bonne fée, la banque centrale a réduit le montant de l’addition en ne les taxant, en raison de son taux négatif, que lorsqu’elles dépassent de six fois le montant des réserves obligatoires. Un cadeau estimé à 4 milliards d’euros annuellement. Et, comme cela ne suffisait pas, les taux du Livret A et du LDD ont été baissés à 0,5% (en dessous de celui de l’inflation), et des mesures techniques ont été prises en faveur des assureurs afin de soulager la pression sur leur ratio de solvabilité.
Toujours dans l’intention de préserver un avenir menacé, les particuliers se sont rués vers un crédit hypothécaire abordable depuis la baisse des taux, la pierre restant ressentie comme un placement solide et les loyers devenant inaccessibles. À tel point que la Banque de France a dû sonner l’alarme, les banques faisant preuve d’un trop grand laxisme dans l’attribution du crédit immobilier, le souvenir des prêts subprime américains rodant.
Des bonnes âmes munies d’œillères s’étonnent de cette volumineuse épargne dans un pays où règne une coûteuse protection sociale. À croire qu’elles ignorent les atteintes qui les rognent, réalisées ou promises ! Elles paraissent insensibles à la complexité angoissante d’un monde dont il est désormais attendu plus de mal que de bien lorsqu’on le subit.
Progrès est un mot qui a disparu du vocabulaire courant et, quand on dit parfois qu’on ne l’arrête pas, c’est pour dire que l’on ne s’y reconnait pas…
Mouais, les francais épargnent … 530 milliards en 4 ans soit plus de 130 milliards annuellement.
Qui sont ces français qui ont une telle capacité d’épargne ? Les gilets jaunes ? Ou plutôt cette autre catégorie bénéficiant des largesses de l’Etat en matière d’allégements fiscaux et ISF, etc.
https://www.oxfamfrance.org/communiques-de-presse/davos-2020-nouveau-rapport-doxfam-sur-les-inegalites-mondiales/
En tous cas, ce n’est pas bibi et ses proches relations qui ont une capacité d’épargne digne de ce nom.