Le mastodonte américain BlackRock a dernièrement défrayé la chronique à propos des retraites, mais le fonds d’investissement Vanguard, moins connu pour ne pas dispenser ouvertement des conseils intéressés aux gouvernements étrangers, et dont l’activité internationale n’est pas aussi soutenue, pourrait bientôt le supplanter.
La gestion passive des fonds indiciels (Exchange traded-funds, ETF), dont le volume a connu une expansion fulgurante, a fait la fortune de Vanguard, qui gère désormais environ 10.000 milliards de dollars d’actifs. Et ce n’est pas fini ! le fonds est condamné à se développer afin de procurer chaque année à ses clients des résultats meilleurs que ceux des années précédentes, car des rendements décroissants enrayeraient la machine. En augmentant sa taille, ses coûts diminuent une fois répartis, et le tour est joué !
La machine est bien huilée, le succès n’est pas sans raisons. Vanguard a investi dans ses propres fonds indiciels (ETF), et les bénéfices qu’il en retire ainsi au même titre que ses clients contribuent au financement de ces coûts, ce qui lui permet de facturer des honoraires inférieurs à ses concurrents et lui donne un avantage concurrentiel.
Cela ne s’arrête pas là, Vanguard est également devenu l’un des plus importants actionnaire des grandes entreprises américaines. En raison de cette concentration inédite du pouvoir, d’augustes professeurs d’université en retard d’un métro en viennent même à se demander si elle est bien conforme à la nature du capitalisme !
La masse des liquidités, le succès des ETF et la forte concentration du pouvoir économique dans les mains des fonds d’investissement sont comme on le constate étroitement corrélés. On avait déjà appris qu’un nombre restreint d’actionnaires financiers se retrouvait au capital des grandes entreprises mondiales, il doit être désormais enregistré que quelques fonds d’investissement portant les noms de Vanguard, BlackRock, Fidelity et de Capital Group y détiennent une position prédominante. Retenez bien leurs noms !
Le capitalisme financier connaît une profonde mutation.
Mais la finance va peut-être inventer un nouveaux marchés: celui des points de retraite. Il suffira pour cela de faire de ces fameux points une authentique marchandise, un capital à mettre en valeur, un produit financier comme un autre. On peut penser que les grandes entreprises financières enverront demain des conseillers qui recommanderont au gouvernement de libéraliser ce point de retraite très administratif et très technocratique. CF: http://www.lacrisedesannees2010.com/2020/01/demain-un-nouveau-marche-celui-du-trading-des-points-de-retraite.html