Dans un premier temps, l’arrivée en fanfare de Podemos en Espagne n’a pas répondu aux espoirs suscités, et celle de Syriza en Grèce pas davantage. Puis est intervenue la formation d’une coalition entre le Mouvement des 5 étoiles et la Ligue de Matteo Salvini. Ces rebondissements successifs de la crise politique européenne n’ont pas été réjouissants pour ceux qui attendaient un renouveau et l’émergence de nouveaux mouvements rompant avec les partis de gouvernement. Mais on ne peut pas en rester là.
Nous assistons à un nouvel épisode en Espagne, où un gouvernement PSOE-Podemos a été investi de justesse après de longues négociations entre les deux formations et, afin d’obtenir l’abstention de l’ERC, la promesse d’une discussion sur l’évolution du statut de la Catalogne. En attendant la suite, l’investiture a donné lieu à une violente réaction des trois partis de droite, le Parti populaire, Ciudadanos et Vox, mais ceux-ci ne disposent pas du nombre de députés permettant de faire tomber le gouvernement.
Dans ce contexte, que va pouvoir accomplir de son programme l’équipe au pouvoir ? Ce qui a déjà transparu de la composition du gouvernement est à l’image de ses intentions, mais il va falloir faire voter les lois au Parlement, le budget en premier lieu, et l’accord de toutes les petites formations va être indispensable. Or, l’une d’entre elles a déjà été soumise à de fortes pressions de la droite avant le vote de l’investiture. L’ensemble est fragile.
Le plus grand enjeu se situe en Catalogne, comme en a témoigné l’extrême vivacité de la réaction de la droite, dont les vieux démons ont trouvé un os à ronger. Non seulement en raison des difficultés qui vont immanquablement survenir au cours des discussions avec l’ERC, mais aussi à cause de la pression exercée sur elle par les autres mouvements indépendantistes.
Premier épisode, la Commission électorale espagnole a ordonné la destitution du président catalan Quim Torra de son mandat de député régional après sa condamnation à 18 mois d’inéligibilité pour « désobéissance ». Celui-ci a fait appel, mais si cette décision est confirmée, cela pourrait ouvrir la voie à des élections régionales afin de le remplacer. Qu’en sortirait-il ?
Au sein du nouveau gouvernement, le rapport de force est sans attendre établi : les ministres Podemos détiennent des responsabilités sociales tandis que le PSOE conserve les clés de la bourse avec le ministère des Finances. La contrainte budgétaire européenne va peser lourdement, conduisant à privilégier l’adoption de mesures symboliques peu onéreuses et au mieux à échelonner celles qui le sont.
Dans le pays comme à Bruxelles, la coalition ne va pas avoir les coudées franches. La démonstration qui peut en être attendue n’est pas négligeable par les temps qui courent, mais elle risque de n’être qu’en demi-teinte.
Parmi les États concernés, quatre – la France, l’Italie, la Belgique et l’Espagne – peinent en outre « à réduire leur dette publique trop élevée », a souligné Pierre Moscovici, qui les « invite à poursuivre des politiques budgétaires prudentes ».
https://www.tdg.ch/monde/bruxelles-epingle-budget-huit/story/17022690
Si c’est un socialiste qui le dit…
Bien sûr que la contrainte budgétaire européenne va peser lourdement et comme l’Espagne reste dans l’UE, il y aura peu de changement.