Si une récession devait intervenir, 40% de la dette des entreprises situées dans les huit premières puissances économiques mondiales deviendrait insolvable a prévenu le FMI. En pure perte. Durant la décennie écoulée, les émissions obligataires des entreprises se sont chaque année accrues de 1.000 milliards de dollars, selon l’organisation professionnelle SIFMA (Securities Industry and Financial Markets Association). Les plus grandes entreprises américaines, inscrites à l’indice S&P 500, y ont contribué pour 70%.
Il ne faut pas en chercher très loin le mécanisme sous-jacent. Si le taux principal de la Fed est plus élevé que celui de la BCE, il n’en est pas moins faible comparé aux périodes précédentes. Étant supérieur au taux de croissance de ces mêmes entreprises, celles-ci sont dissuadées d’investir pour l’accroître afin d’honorer les intérêts de leur dette. Elles préfèrent utiliser les liquidités ainsi obtenues en multipliant les opérations de rachat de leurs actions, afin d’en faire monter le cours au bénéfice de leurs actionnaires.
Pas besoin non plus d’aller chercher très loin l’une des bonnes raisons pour laquelle, durant ces mêmes dix dernières années, la valeur de l’indice S&P 500 a doublé… Ni de se demander à quoi les entreprises en question ont utilisé le cadeau fiscal de Donald Trump qui a baissé le taux d’imposition de leurs bénéfices de 35% à 21%… Sous ces deux effets, la bourse de New York affiche une progression faramineuse.
Toute médaille a son revers. Non seulement en raison de la fragilité de l’édifice de cette dette, si d’aventure les taux venaient à monter, mais parce qu’une importante masse de celle-ci est notée un ou deux crans seulement au-dessus de la notation à haut risque « obligations pourries » (junk bonds).
Voilà où mène la recherche du rendement par les investisseurs qui délaissent la dette publique en raison de son taux peu attractif quand il n’est pas devenu négatif ! Est-il nécessaire d’aller chercher la petite bête dans les cuisines mal éclairées de la finance quand des facteurs aussi déstabilisants du système financier s’accumulent ainsi sous nos yeux ?