Ouf, la fin de l’année a été passée sans encombre sur le marché des repos américains grâce aux injections massives de liquidités de la Fed ! Mais une question demeure, désormais de tradition dès qu’une mesure financière exceptionnelle a été prise : quand va-t-elle pouvoir être arrêtée ?
Jerome Powell, le président de la Fed, a confirmé que les réserves des banques américaines n’étaient pas suffisantes pour assurer le bon fonctionnement de ce marché qui leur est vital, et qu’il fallait donc attendre qu’elles augmentent. Or cela suppose qu’elles créditent d’avantage leur compte de réserve et cessent pour cela de distribuer sans compter des dividendes ou des bonus. Évidemment, les banques ne mangent pas de ce pain-là et préfèrent mettre en cause une réglementation dont elles réclament l’assouplissement, entamant une fois de plus un air connu. Faute de quoi, elles vont continuer à mener le jeu en exerçant un chantage à la déstabilisation.
La Fed n’a donc qu’à bien se tenir et à soutenir sans faiblir le marché des repos afin que le système financier, qui ne s’en lasse pas, conserve son équilibre. Insatiables, les banques considèrent son intervention comme un avantage acquis. Et la Fed ne peut se désengager de son nouveau programme qui s’apparente à du « quantitative easing » (de l’assouplissement monétaire), car ses achats aux banques de bons du Trésor américain – contrepartie de ses injections de liquidité – ont pour effet d’en faire baisser le taux et augmenter la valeur, incitant les investisseurs à quitter les rivages périlleux des actifs risqués, des actions et obligations d’entreprises vers lesquels ils s’étaient retournés. Raison de plus pour la Fed de poursuivre ce qu’elle a engagé. D’autant qu’en donnant l’assurance aux banques qu’elles pourront continuer à leur vendre leurs bons de trésorerie, elle les dispensera d’accroître leurs réserves.
Le monde financier est ainsi fait qu’il retombe toujours sur ses pieds à condition d’être assisté.