L’homme fort du système algérien n’a pas survécu à la mise en œuvre rejetée de sa politique et a subitement succombé à une crise cardiaque, d’après les autorités. Le général Ahmed Gaïd Salah laisse un vide qui va être devoir être comblé, son successeur à la tête de l’État-major allant être nommé par ses pairs dans l’opacité de rigueur, les délais ne l’étant par contre pas.
Cette disparition suscite deux interrogations. Quel va en être l’effet pour le hirak (le mouvement) ? Des dissensions vont-elles désormais apparaitre au sein de l’armée ?
On ne devrait pas attendre longtemps, dès les prochains rendez-vous rituels du mardi et du vendredi, pour vérifier si les algériens y voient un encouragement et en ressortent ou non galvanisés. Bouteflika hors-jeu, Gaïd Salah mort, les obstacles sont les uns après les autres franchis.
La réponse à la deuxième question risque de devoir être plus attendue, si le nom du successeur ne s’impose pas dans l’urgence au sein de l’institution militaire afin de ne pas se laisser s’installer un grand vide.
Avec ce coup de théâtre, fort mal élu, le nouveau président Abdelmadjid Tebboune n’a pas eu le temps de rendre vraisemblable sa politique se prétendant d’ouverture. Homme du sérail placé sous étroite surveillance, a-t-il la carrure allant lui permettre de profiter des circonstances pour la concrétiser ? Poser la question, c’est en douter.
Au sein de l’armée, aucun signe de division sur la politique à mener ne s’étant jusqu’à maintenant manifesté, est-ce l’occasion ou jamais pour que des divergences apparaissent ? À moins que la désignation du successeur ne se réduise à une guerre entre prétendants sans autres ambitions que d’accéder au pouvoir… Tous les pays n’ont pas le bénéfice d’un mouvement des jeunes officiers.