Quand ils veulent, ils peuvent ! En Europe, les banques devraient être en cas de besoin renflouées par les actionnaires et les déposants les plus fortunés selon le principe du « bail-in » (sauvetage de l’intérieur), et non du « bail-out » (par les contribuables), mais il y a de bonnes raisons d’y déroger. Dans plusieurs pays, ces derniers continuent d’être mis à contribution par les gouvernements.
En Italie, la Banca Popolare di Bari vient d’en profiter, dans laquelle 900 millions d’euros d’argent public et d’un fonds interbancaire de garantie des dépôts vont être injectés, dans une proportion non précisée, à la suite d’une dizaine de banques régionales qui ont bénéficié d’attentions similaires. Pour sauver les apparences et tromper son monde, le terme de sauvetage est banni du discours gouvernemental au profit de celui de relance. La banque est pourtant visée par sept enquêtes, dont une pour falsification de bilan, par la Consob (l’Autorité des marchés financiers italienne), et elle a été placée sous administration spéciale.
En Allemagne, c’est la banque régionale Nord/LB, toujours aussi mal en point, que deux Lands ont renfloué à hauteur de 1,7 milliards d’euros avec la bénédiction des autorités européennes de la concurrence. Les deux grandes banques commerciales Deutsche Bank et Commerzbank qui ne sont pas parvenus à fusionner mises à part, c’est tout le secteur bancaire que Moody’s a dégradé en le plaçant sous perspective négative. En raison non seulement de la diminution de sa profitabilité mais également de sa solvabilité, ce que relève la Bundesbank en constatant que « les risques de crédit futurs pourraient être sous-estimés et la valeur des garanties telles que les biens immobiliers surestimée ».
Quant à elles, les 384 caisses d’épargne du pays ne parviennent toujours pas à consolider leurs réseau, et il est question d’alléger le bilan des banques en créant l’équivalent de l’agence gouvernementale américaine Fannie Mae afin d’octroyer à leurs prêts hypothécaires une garantie publique, nous y voilà ! Et les projets de nouvelle architecture du secteur bancaire n’avancent toujours pas.
Au niveau européen, où la course au gigantisme pousse à la consolidation bancaire par-delà les frontières, l’absence d’harmonisation du droit des faillites et de protection commune des dépôts fait obstacle à la consolidation bancaire, stoppant pour le moment la course au gigantisme. Chaque gouvernement veille sur ses banques nationales et défend farouchement leurs intérêts dès lors qu’il s’agit de taxation et de réglementation. Quand elles ne sont pas financées, les banques sont protégées et assistées.