Cela n’arrête pas ! en janvier prochain, le « green business » est promis à un sacre à Davos, à l’occasion de la nouvelle édition d’un Forum économique mondial se voulant la (bonne) conscience éclairée du capitalisme. Pour en juger de l’effet, il suffit de se rappeler ses tirades contre les inégalités.
Klaus Schwab, qui préside à ses destinées, a bien senti le vent et préconise « une nouvelle mesure de la création de la valeur qui devrait inclure des objectifs environnementaux, sociaux et de gouvernance ». Il appelle dès maintenant les leaders du monde des affaires à aller « au-delà de leurs obligations légales et à remplir leurs devoirs envers la société », en référence à l’Accord de Paris sur le climat et au programme de développement durable des Nations Unies.
Pour inciter les banques à verdir leurs financements, l’Autorité bancaire européenne (EBA) pense utiliser une carotte sous la forme d’un « traitement dédié » accordé « aux actifs associés substantiellement avec des objectifs environnementaux et/ou sociaux ». Revenant, pour être plus clair, à une réduction des fonds propres obligatoires des banques. Le vice-président de la Commission Valdis Dombrovskis avait précédemment exprimé les mêmes intentions.
L’idée est de se mettre la finance dans la poche, et le tour sera joué. Mais il y a un hic ! Les meilleures intentions du monde – on les leur accordera a priori – interviennent à rebrousse-poil de l’explosion du marché des Exchange- traded funds (ETF) dont le volume ne cesse de croitre. Ainsi qu’à la croissance, étroitement liée, des fonds d’investissement qui en sont très friands et tiennent dorénavant le haut du pavé. Or ces géants de l’investissement investissent tout azimut et sans discernement dans des ETF n’ayant pas spécialement pour critère le respect de l’environnement. Il faudrait donc prendre le problème à la racine et obtenir que les sociétés de gestion qui les conçoivent et les émettent devient vertueuses. Ce qui ne disculpe pas pour autant les fonds d’investissement, car ils sont en position de faire efficacement pression en ce sens, mais on ne les entend pas.
Peut-on sérieusement croire que toute cette agitation autour du « green business » va déboucher sur des résultats conformes aux objectifs de réduction d’émission des gaz à effet de serre avec lesquels on ne peut pas transiger ? On ne triche pas avec le compte à rebours enclenché.
Décidément le néolibéralisme ressemble de plus en plus au soviétisme. Voilà qu’avec le green business il nous invente le Capitalisme réel !
Dans le même ordre d’idée peut-on conseiller aux armées de communiquer sur leurs missiles solaires ou à Uber de parler de travailleurs recyclables ?