Une hirondelle ne fait pas le printemps, assure-t-on ! L’élection d’une nouvelle équipe de direction à la tête du SPD allemand n’est cependant pas chose négligeable, vu le blocage actuel, à condition toutefois de ne pas trop en attendre.
La poursuite de la Grande coalition va désormais encore moins de soi, mais elle n’a pas encore éclaté. En priorité, le SPD va vouloir renégocier le contrat de coalition, son congrès de la fin de la semaine prochaine allant lui en donner mandat. Mais la CDU/CSU n’y est pas prête sous les effets de puissants vents contraires. Il va donc être beaucoup question de l’abandon de la politique du « déficit zéro », qui a été au cœur de la campagne électorale interne au SPD et a joué un grand rôle dans la défaite d’Olaf Scholz, l’actuel ministre des Finances. C’est beaucoup et peu à la fois.
Le camp de ceux qui le réclament se renforce, les Verts en ayant fait l’un de leurs chevaux de bataille, les syndicats et l’organisation patronale le demandant également, mais les partisans de son maintien restent inébranlables. Sur quoi peut alors déboucher la polarisation renforcée de la vie politique ? Jusqu’à quand la Grande coalition peut-elle durer et par quelle formule la remplacer ? Ces questions vont rythmer la vie politique allemande, en attendant un dénouement imprévisible.
L’Allemagne se met au diapason d’une Europe où la polarisation politique et sociale s’accentue. Partout ou presque, la social-démocratie périclite et l’extrême-droite relève la tête. Dans l’improvisation, des formules gouvernementales sont construites de bric et de broc sur fond de désenchantement, de désaffection et de rejet, selon une dynamique qui se dément rarement. Ce constat est établi sans qu’une sortie de crise soit en vue. Et, voulant passer en force, les tenants du dogme libéral accentuent non sans inconséquence un profond malaise laissé sans réponse.
Devenues le principal enjeu de l’action politique, leurs campagnes de façonnage de l’opinion publique se succèdent : exacerbation du terrorisme pour jouer de la peur, puis exorcisme de ce populisme qu’ils craignent tant. Aujourd’hui, le vert est à la mode, mais ils vont à nouveau à la rencontre de l’insuccès en mettant en scène leur impuissance. Certes, l’histoire ne se répète pas, mais qu’est-ce qu’elle patine !
En attendant, l’écart entre l’indispensable et le possible s’accroît.