Rien ne va plus dans l’assurance-vie, à qui le poncif de « placement favori des français » est attribué. Les compagnies d’assurance sont prises en étau entre les bas taux obligataires, avec lesquels elles se financent à long terme, et leurs produits à capital garanti. Il en résulte un effet de ciseaux qui pèse sur la rentabilité et cela impose d’augmenter les fonds propres. Par parenthèse, les fonds de pension par capitalisation hier présentés comme une panacée sont logés à la même enseigne.
L’agence de notation Moody’s en a tiré les conséquences en adoptant une perspective négative pour l’ensemble du secteur européen de l’assurance. Des analystes évoquent même une « japonisation » de la finance, en référence aux faillites d’assureurs enregistrées ces dernières années au Japon. En Allemagne, l’autorité de supervision financière, la BaFin, surveille le secteur au plus près. 15 assureurs aux réserves insuffisantes sont déjà sous surveillance renforcée, et au total 34 des 84 assureurs sont menacés de difficultés financières, leur nombre allant selon les prévisions de la BaFin augmenter fortement. Des dérogations à Solvabilité II – l’équivalent de Bâle III pour les banques – avaient été déjà obtenues, mais en pure perte. En France, les recapitalisations ont déjà commencées, les autorités masquant la situation des assureurs pour ne pas provoquer un vent de panique et susciter un désinvestissement brutal qui n’arrangerait rien.
Pour toute réponse, les assureurs jouent la disparition progressive de toute garantie sur le capital en faisant miroiter en contrepartie le retour des taux d’intérêt auxquels les souscripteurs avaient pris l’habitude dans les jours fastes mais révolus de l’assurance-vie. De nouveaux produits l’abandonnant sont dans les tiroirs, mais rien ne dit que les souscripteurs qui font actuellement les frais des faibles rendements actuels, portant le poids des taux négatifs, lâcheront la proie pour l’ombre pour retrouver « le goût du risque », comme disent les financiers.
Le ministre des Finances français croit lui avoir trouvé la parade en mettant en cause les « règles absurdes et contraignantes » auxquelles les assureurs sont assujettis, visant Solvabilité II. Les régulateurs n’ont qu’à bien se tenir, faisant déjà face à une offensive à propos de la transposition de Bâle III en France. Le détricotage de la régulation reste la tentation la plus forte, et pour la suite advienne que pourra !
Grosse inquiétude donc pour nombre de français, pas forcément riches, dont l’épargne n’a rien d’immoral. Les mieux conseillés doivent déjà se retirer sur la pointe des pieds, les autres paieront l’addition.
Question ?
Pourquoi nous annonce-t-on de faibles rendements pour les caisses de retraite et assurances vie, alors que les rendements sur l’immobilier de location compte-tenu des taux bas est plus que profitable et que les indices boursiers des principales bourses ont monté de +/- 20 % depuis le début de l’année. Reste la part des obligations qui est à la peine mais cela ne représente qu’une partie des investissements ?
Le marché des obligations est une chose, celui des actions une autre ! Les caisses de retraite et les assurances privilégient des investissements longs, donc obligataires.
Merci pour votre réponse. J’entends bien que traditionnellement et probablement aussi selon certaines exigences les fonds placés doivent l’être en obligations pour assurer le long terme.
Si un modèle d’affaire ne fonctionne plus le devoir de l’entreprise ne serait-il pas de trouver de meilleures solutions pour préserver les avoirs des clients ?
Si le travail des caisses de retraite se limite à acheter des obligations, nous n’avons pas vraiment besoins de leurs compétences pour lesquelles ils se réservent de belles commissions.
Le but de ma question qui s’inscrit dans une « révolte « contre le système bancaire et la gestion de fonds est de savoir quels sont, en tant que citoyens, les leviers dont nous pourrions disposer pour inciter les gestionnaires de fonds de prévoyance à rendre des comptes sur la gestion de nos épargnes. Vous le savez bien, ce sont des épargnes obligatoires.
Leur métier est de gérer au mieux l’épargne des citoyens. Si ils ne sont pas fichus de gérer leurs entreprises, ils doivent dégager.
Que dire de ceux qui ne sont » pas forcément riches » et encore moins » en capacité » d’investir ; qui sont dépendant des marchés pour trouver un appartement à loyer abordable ?
La situation peut se résumer simplement.
Si la démocratie est le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple, le néolibéralisme est le gouvernement du peuple par l’argent et pour l’argent.
Tout comme l’avenir du néolibéralisme est tout tracé : les inégalités et la pauvreté ne pouvant qu’exploser, la violence d’État sera à très court terme le seul moyen pour lui de se maintenir au pouvoir, avec comme prétexte la nécessité de sauvegarder nos société du chaos que le système génère lui-même. D’ailleurs dans notre doulce France, tous les moyens de coercition sont déjà juridiquement en place. Ne reste plus qu’à appuyer sur le bouton.
Bel exemple de rétroaction positive n’est-il pas ?