Les analystes suivent avec attention les hoquets du système financier, conscients que tout peut arriver sans crier gare. Et les politologues ne sont pas en reste à propos de la crise politique qui secoue l’Europe. Avec un intérêt particulier qui se déplace, hier pour l’Italie et demain pour l’Espagne. Mais c’est la situation en Allemagne qu’ils suivent de plus près, conscients que si un déblocage et une relance devaient intervenir, ils proviendraient nécessairement de là. Non sans risque qu’ils prennent leurs désirs pour une réalité…
Les questions sans réponse ne manquent pas. Jusqu’à quand la Grande coalition tiendra-t-elle et quelle formule gouvernementale alternative lui succédera si elle tombe ? Jusqu’où le SPD va-t-il électoralement descendre et l’AfD d’extrême-droite monter ? Quel binôme va prendre la direction du SPD et qui va prendre celle de la CDU en même temps qu’une sérieuse option pour succéder à Angela Merkel ? Une seule chose est sûre, les reclassements qui ont commencé vont se poursuivre.
Le ministre des Finances Olaf Scholz, l’un des candidats à la direction du SPD, a apporté sa contribution à cette situation très mouvante en proposant dans le Financial Times de débloquer les négociations à propos de l’Union bancaire et plus précisément de la garantie des dépôts. Ses propositions, ainsi que celle du « non-papier » qui a été simultanément rendue publique, sont d’une audace très limitée, mais il en sera retenu l’intention qui tranche avec l’inflexibilité habituellement de rigueur outre-Rhin. On ne sait toutefois pas si le leader socialiste a agi ou non avec l’accord préalable d’Angela Merkel afin de mieux en appréhender la portée.
Comme pour confirmer que des réflexions murissent, on a appris dans le Süddeutsche Zeitung que le conseil des experts économiques auprès du gouvernement serait divisé sur une question d’actualité : le gouvernement doit-il user d’un stimulus budgétaire face à la récession ? Trois voix se seraient exprimées contre et deux pour, dont celle d’Isabel Schnabel qui va rejoindre la BCE.
Ce ne sont que de premiers indices encore ténus d’évolution. Dans l’immédiat, un débat agite les partenaires de la Grande coalition. Il porte sur l’adoption d’une pension de base minimum que le SPD défend et la CDU refuse. Le genre de dispute qui pourrait facilement dégénérer et aboutir à une rupture entre les deux partis. Celle-ci pourra d’autant plus intervenir, sur ce sujet ou sur un autre, si le binôme marqué à gauche de la SPD devait être choisi par ses membres pour en assurer la direction. Le congrès aura lieu en décembre.