Il y a sept ans de cela, suite au « flash crash » de 2010 dont les causes étaient restées mystérieuses, et le sont toujours, l’un des principaux régulateurs américain, la SEC, décidait pour dans l’avenir y voir plus clair la création du « CAT », acronyme de « Consolidated Audit Trial ».
Mais celui-ci n’est toujours pas opérationnel, subissant les résistances farouches des grands acteurs des marchés financiers qui font monter en première ligne des élus républicains en mission commandée.
L’objectif assigné au CAT est de recueillir en temps réel les ordres financiers donnés sur les marchés américains en identifiant leurs auteurs. Cette perspective est dénoncée comme une véritable inquisition par ces porte-paroles patentés. Une telle banque de données serait selon eux une cible rêvée pour les hackers ainsi qu’un instrument de pouvoir gouvernemental abusif. Surnommé « Hubble telescope » pour ses fortes capacités d’observation, son implantation serait dispendieuse et elle exposerait les entreprises y contribuant à des poursuites judiciaires en cas de fuite des données. On se demande bien pourquoi !
Le summum a été atteint par le sénateur Tom Cotton de l’Arkansas, qui selon le Financial Times s’est interrogé sur le danger que représenterait un piratage de ces données par la Chine ou la Corée du Nord !
Hester Peirce, un commissaire Républicain assermenté de la SEC, n’a quant à elle pas hésité à décrire le CAT comme « un instrument de surveillance gouvernemental massif ». Et, dans la meilleure tradition de brouillage des pistes, elle a proposé que les petits investisseurs soient exclus de son champ de surveillance. Un casse-tête, leurs ordres pouvant être exécutés par des grands courtiers ou via les systèmes de transaction à haute fréquence (THF).
Robert Jackson, également de la SEC, défend le CAT au prétexte que lui seul permettra d’élucider les causes d’une crise comme celle du « flash crash ». Mais celui-ci devait entrer en fonction en novembre 2018, et cela n’a pas été le cas Selon un nouveau calendrier, il devrait être opérationnel en avril prochain. À moins d’un nouveau contre-temps… Seuls les régulateurs y auront accès, a-t-il été déjà promis.
Le monde financier a de grands accès de pudeur dès qu’il s’agit de révéler ses dessous. Il est par nature opaque et mille raisons de s’y opposer sont trouvées. À croire qu’il aurait des choses à cacher.