Comme l’annonce le quotidien financier Les Échos titrant sur « un branle-bas de combat » dans l’assurance-vie, les taux obligataires « bousculent les certitudes de l’épargne à la française ». On admirera au passage « les certitudes » dont se démarque un journal qui n’en manque pas, apologue avéré des recettes du libéralisme.
Les compagnies d’assurance ont heureusement un peu de temps devant elles pour opérer en douceur leur mutation. Le mot n’est pas trop fort car, sous couvert d’abandonner la formule des « fonds en euros », elles vont cesser de garantir le capital des souscripteurs. Prenant ceux-ci à rebrousse-poil en les appelant à faire l’apprentissage forcé du risque. Les assureurs se préparent à faire preuve de « pédagogie » à leur égard, mais cela s’annonce plutôt être une carte forcée.
Ce n’est pas une petite affaire qui se profile, l’épargne en fonds en euros représentant 1.400 milliards d’euros et son montant ne cessant de croître, en dépit de la baisse des rendements, en raison d’une inopportune « aversion au risque » qui ne se dément pas. Dans un monde où le taux du livret A est de 0,75%, c’est à dire en dessous de l’inflation, l’assurance-vie garantit le capital de ceux qui ont quelques économies et cela va prendre fin. Cet îlot de sécurité va disparaître, le risque qui parcourt le monde financier va entrer dans la partie.
Les compagnies d’assurance ne sont pas aux abois, mais elles commencent à devoir être recapitalisées à force de puiser dans leurs réserves pour assurer les rendements garantis. Afin de limiter les dégâts, elles réfléchissent à la commercialisation pour bientôt de nouveaux produits dosant le risque qui représenteront « un juste milieu entre sécurité et rendement ».
Rien de moins qu’un « choc d’offre » est annoncé avec cette nouvelle génération d’assurances-vie hybrides associant fonds en euros et en « unités de compte ». La dénomination de ces derniers est une vraie trouvaille en raison de sa banalité qui masque que ces fonds sont à risque. Sur le même mode anodin, elles sont présentées comme étant « à rémunération variable ».
Les fonds en euros vont-ils disparaître ? Ils appartiennent pour certains assureurs à un passé révolu, tandis que pour d’autres il faudra en faire évoluer la tarification pour en restreindre l’accès, pour cause de modèle économique insoutenable. Car il n’y a plus de « capacité à capter de la marge », se lamentent-ils tous dans leur jargon. L’argument des premiers pour tout arrêter a été trouvé : en fermant la porte des fonds en euros aux nouveaux souscripteurs, ces altruistes prétendent protéger les anciens ! Comment détourner leur clientèle des fonds en euros est en tout état de cause le premier souci de tous. Bienvenue à la nouvelle génération de souscripteurs et futurs retraités qui se préparent à être malmenés par ailleurs !
En s’y adaptant, les assurances confirment que les taux négatifs sont partis pour durer et agissent de telle sorte que leurs souscripteurs en fassent les frais. Mais cela ne leur suffit pas, elles attendent la révision en 2020 de Solvabilité II – la réglementation européenne fixant leur régime de solvabilité – et demandent son assouplissement, car leur matelas de fonds en euros au capital garanti ne va fondre que progressivement.
Bonsoir,
Marchés boursiers au plus haut, problèmes sociaux, politiques qui s’étendent partout, sans compter la gangrène des modifications climatiques, etc … Des bombes à retardement disséminées partout et nos chers banquiers voudraient nous faire entrer sur les marchés des actions à cet instant ?
Le seul moyen de gagner de l’argent –
pour ceux qui le peuvent – est de solder leurs crédits en cours afin d’amoindrir les conséquences du choc économique à venir et faire le dos rond en revenant aux méthodes traditionnelles du bas de laine sous le matelas.