Dans la série qui s’étoffe de jour en jour « que peuvent encore les banques centrales ? », le FMI apporte sa contribution. On la doit à Kristalina Georgevia, sa nouvelle présidente, à l’occasion de la réunion annuelle du Fonds.
Elle participait à un débat dont le thème annonce la couleur « les banques centrales peuvent-elles lutter contre le changement climatique ? ». Et elle a apporté une réponse sans équivoque en annonçant que le FMI se préparait à intégrer le risque climatique dans ses études, une invitation à faire de même.
La présidente a suivi les traces du gouverneur de la Banque d’Angleterre, qui s’est dernièrement fait remarquer en proposant la création d’une monnaie numérique des banques centrales, une idée qui anime par ailleurs Yanis Varoufakis. Mark Carney est à l’origine du Network for Greening the Financial System (réseau pour verdir le système financier) qui a été progressivement rejoint par les représentants de 46 banques centrales ou régulateurs. Et la Fed de New York l’a finalement rejoint après avoir pris dans un premier temps ses distances avec l’initiative.
Pour la patronne du FMI, les banques centrales devraient inclure des considérations climatiques dans leurs prévisions économiques et monétaires et s’assurer que les entreprises, notamment les banques, se préparent bien aux chocs du changement du climat. Il en découle l’adoption à prévoir de nouvelles dispositions.
Les entreprises du secteur financier devraient introduire dans leur estimation du risque ceux qui sont liés à ces changements ; les banques centrales différencier les actifs « verts » des « bruns » lorsqu’elles examinent leurs fonds propres et privilégier les premiers dans leurs achats d’actifs. Avec cette difficulté qu’il n’est pas toujours évident d’opérer cette différenciation, beaucoup d’actifs n’étant clairement ni l’un ni l’autre ! Quels critères doit-on en effet utiliser pour les classer ?
Dans le débat que rapporte Gillian Tett du Financial Times qui le modérait, Sabine Mauderer de la Bundesbank n’a pas manqué d’exprimer la crainte du brouillage du rôle respectif des banques centrales et des gouvernements qui en résulterait, les premières se substituant aux seconds.
Le FMI a lancé le débat, et il coulera de l’eau sous les ponts avant que de telles nouveautés prennent corps et connaissent un début d’application par des banques centrales plus sensibilisées au sujet. On peut à juste titre penser que la Fed ne se précipitera pas, mais également observer que la question arrive sur le tapis alors que les États peinent à trouver les financements de la transition écologique. Les banques centrales pourraient donc venir par défaut à la rescousse, ce ne serait pas la première fois.
Tout est cependant une question de temps, qui est compté. Le rythme de maturation de ce genre de décision ne correspondant pas au calendrier du réchauffement climatique. Pour l’accélérer, il faudra que les effets de l’urgence se fassent plus fortement sentir, avec le risque que cela soit trop tard.