Le Conseil européen « Justice et affaires intérieures » a accouché d’une souris. Péniblement, les ministres de l’Intérieur y ont tenté de rallier le maximum de leurs confrères au projet d’accord de répartition des réfugiés négocié entre l’Allemagne, la France, l’Italie et Malte, dont ces deux derniers pays sont les bénéficiaires.
Cet accord temporaire prévu pour durer 6 mois n’a rassemblé sur les 10 précédemment annoncés que 8 pays : le Portugal, l’Irlande, la Lituanie et le Luxembourg en plus des quatre signataires d’origine. Les pays d’Europe de l’est du groupe de Višegrad ont campé sur leur refus catégorique d’accueillir des réfugiés et un important marais ne s’est pas engagé. L’accord n’a concerné que la Méditerranée centrale, soulageant l’Italie et Malte mais ignorant le sort de la Grèce et de l’Espagne.
« L’ensemble de la Méditerranée et des migrants doivent faire l’objet d’un traitement identique et unique », a réclamé Fernando Grande-Marlaska, le ministre espagnol. « Que les sauvetages aient lieu en Méditerranée occidentale, centrale ou orientale, par des ONG ou des services de sauvetage public comme ici, ce sont les mêmes migrants, qui viennent des mêmes pays et ont été victimes des mêmes mafias. Et les frontières qu’ils franchissent ne sont ni d’Espagne, ni d’Italie, ni de Grèce mais d’Europe » a-t-il argumenté.
Le gouvernement grec fait également face à un afflux de réfugiés, un millier tous les mois, rendant explosive la situation dans le camp de Moria de l’île de Lesbos où ils sont retenus, la Turquie ne respectant pas l’accord qui prévoyait le renvoi chez elle des réfugiés n’obtenant pas le droit d’asile suite à leur arrivée sur le sol européen via la Grèce.
À Bruxelles, les esprits étaient ailleurs s’attendant au pire, tournés vers la frontière entre la Syrie et la Turquie où les préparatifs d’une invasion militaire turque se précipitent. Celle-ci a été confortée par Donald Trump qui a abandonné à leur sort les milices kurdes après qu’elles aient servi, annonçant le retrait des troupes américaines de la zone et donnant de facto le feu vert à son déclenchement imminent en dépit du rétropédalage du Département d’État. Sur près de 500 kilomètres le long de sa frontière, le président turc Recep Tayyip Erdoğan entend créer en Syrie « une zone de sécurité » profonde de 30 kilomètres. Avec un double objectif, en expulser les milices kurdes qualifiées de « terroristes », et en faire un gigantesque camp de réfugiés.
Un million de syriens amassés côté syrien à la frontière turque, qui est fermée, y seraient cantonnés et une bonne part des 3,6 millions de réfugiés accueillis en Turquie y seraient également renvoyés. Pour ces derniers, cela représentera une forte incitation à tenter par tous les moyens de rejoindre l’Europe, rendant nul et non avenu l’accord financier intervenu avec le gouvernement turc, créant les conditions d’une nouvelle crise à ses confins immédiats.
Êtes-vous sûr qu’il ne s’agit pas aussi d’une main mise sur les puits de pétrole du Kurdistan ?