L’accord européen sur la répartition des réfugiés sauvés en mer par les navires des ONG leur permet désormais de les débarquer en Italie et à Malte, mais il est loin d’avoir réglé tous les problèmes car il ne concerne que la Méditerranée centrale – où 70% des noyades interviennent – et laisse de côté ses parties orientales et occidentales.
Au débit de ces années passées, depuis 2014, il faut inscrire rien de moins que la mort de 18.000 réfugiés faisant de la Méditerranée un gigantesque cimetière sans sépultures. Pour la sixième année consécutive, le cap des 1.000 noyades a été franchi. Fort de ces chiffres éloquents, le HCR ne demande pas seulement que le rôle essentiel des ONG soit pleinement reconnu, et non plus combattu, il appelle aussi les gouvernements européens à réactiver leurs opérations aériennes et navales de recherche.
Destiné à régler le plus criant des problèmes afin de cesser d’endosser le mauvais rôle en multipliant les obstacles aux sauvetages des ONG, l’accord intergouvernemental laisse pendant la situation des réfugiés dans une Libye plongée dans la guerre civile, et dans une Grèce où le parti de droite Nouvelle Démocratie a repris le pouvoir à la faveur des dernières élections.
En septembre dernier, le HCR a dénombré l’arrivée de 10.258 réfugiés sur le sol grec, où environ 70.000 réfugiés sont désormais installés. Les îles de Samos et de Lesbos permettant d’isoler du continent le plus possible d’entre eux dans des « centres de réception et d’identification » totalement saturés, dans des « conditions abjectes » qu’il dénonce.
Un incendie a provoqué la mort d’au moins une femme et un enfant dans le plus important d’entre eux, celui de Moria à Lesbos, où environ 13.000 réfugiés sont entassés dans des conteneurs de fret, des installations prévues pour 3.000 personnes. Des centaines de réfugiés en colère ont manifesté devant la lenteur des secours et ont été dispersés avec des gaz lacrymogènes. Le ministre de la Protection du citoyen (cela ne s’invente pas) a trouvé la bonne réponse et acheminé depuis des renforts de police par avion militaire.
Kyriákos Mitsotákis, le nouveau Premier ministre grec, tente de reprendre la situation en main avec un plan associant la reprise du contrôle de la mer Égée, la construction de nouveaux camps pour les réfugiés non admissibles à l’asile, l’accélération de leur retour en Turquie, et le transfert sur le continent des élus à l’asile afin de soulager les camps sur les îles. Mais il est d’ores et déjà dépassé par l’ampleur des problèmes qu’il prétend résoudre.
On ne voit pas comment Recep Tayyip Erdoğan accepterait le retour en grand des réfugiés arrivés en Grèce, en application des accords existants, alors qu’il est soumis dans son pays à un courant montant en leur défaveur, et qu’il tente de contenir en Syrie un million de réfugiés après en avoir déjà accueilli 3,6 millions.
Un accord avec les autorités américaines est bien intervenu pour créer une zone tampon à la frontière turco-syrienne, côté syrien, où ces derniers pourraient être installés. Mais il tarde à se concrétiser. Le Premier ministre turc, à bout de patience, a déclaré « nous ne pouvons plus perdre un instant » et annoncé l’imminence d’une intervention militaire en Syrie, dans le but de créer un fait accompli. Avec comme cible les milices kurdes des Unités de protection du peuple (YPG), alliés des États-Unis dans la lutte contre Al-Qaïda, qui y ont leurs quartiers.
« Un accord avec les autorités américaines est bien intervenu pour créer une zone tampon à la frontière turco-syrienne… »
Ce territoire n’est pas vide. Il n’est pas en déshérence. Il est au contraire plein comme un œuf. La raison en est simple: c’est la seule zone de Syrie plus ou moins en paix depuis de le début de la guerre. Il a été essentiellement acquis par combats contre Isis/Daesh au prix de 11000 morts et 20000 blessé, jeunes femmes et jeunes hommes. Ce territoire est aussi le seul où une démocratie ‘inclusive’ fonctionne. Toutes les ethnies et religions y sont représentées et respectées: Arabe, Kurde, Yézidie, différentes variantes chrétiennes, Circassiens ( dont des Tchétchènes issus d’une déportation par l’empire turc au 19.ième siècle- Guerres russo-turques…) .
On peut avoir une idée des projets du satrape d’Ankara, s’ils se réalisent, par ce qu’ils font et soutiennent dans la zone d’Afrin, conquise par eux il y a un an: nettoyage ethnique, kidnapping et torture, turquisation forcée ( municipalité, Poste, école, monnaie etc…), construction d’un mur isolant cette portion de Syrie et la rattachant à la Turquie sans oublier implantation de base militaire. La conquête de vive force, de la région d’Afrin s’est traduit par environ 200000 réfugiés, qui était déjà des réfugiés…
Il semble que le Président Macron a eu des mots justes pour qualifier ce projet d’annexion rampante.
Par ailleurs, le satrape d’Ankara a prévenu l’Europe: si ‘on’ ne le laisse pas recaser ‘ses’ réfugiés syriens, il sera obligé de les laisser partir en Europe. Il estime leur nombre à 3 millions, chiffre que conteste la presse allemande. L’Europe le paye 6 milliards d’Euro annuel pour garder ‘ses’ réfugiés, somme employée à acquérir de l’armement, selon des parlementaires européens. La situation des réfugiés syriens en Turquie est déplorable.
Merci de ces précisions
La confirmation ce matin:
Syrie : les troupes américaines se retirent du Nord, une « opération » de l’armée turque imminente
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/07/en-syrie-les-troupes-americaines-vont-se-retirer-des-abords-de-la-frontiere-turque_6014484_3210.html
Les Kurdes sont à nouveau les cocus de l’Histoire.