Alternant sans crier gare le chaud et le froid dans ses négociations avec les autorités chinoises, Donald Trump vitupère par contre avec beaucoup de constance contre la Fed et son président Jerome Powell. Le dollar fort actuel pèse sur les exportations américaines et contrarie la lutte contre la calamité électorale que représenterait pour lui une récession
Au nom de ce raisonnement, le président américain appelle sur tous les tons la Fed a baisser son taux directeur afin de dévaloriser le dollar, qui au contraire se renforce, toujours considéré comme une valeur refuge. Il cherche à entrer avec force dans une guerre des monnaies dont il s’est tenu jusqu’à maintenant au bord. Ce faisant, il néglige un effet de sa guerre commerciale avec la Chine qui joue bien plus contre lui. Car en sanctionnant celle-ci, il sanctionne ses électeurs.
La banque JP Morgan Chase a calculé que les consommateurs américains allaient régler l’addition des nouvelles hausses des tarifs douaniers des exportations chinoises et a chiffré son montant à 1.000 dollars par an et par famille. Jusqu’alors, les taxes américaines supplémentaires portaient sur des métaux et des machines, frappant les entreprises qui pouvaient ou non les répercuter. Celles qui entrent en vigueur (1) touchent des produits grand public symboles de l’American way of life. Une grosse partie des taxes a été repoussée au 15 décembre mais le mal va être fait.
En position de l’arroseur arrosé, Donald Trump doit également faire face à une cruelle vérité. En dépit de ses mesures, les exportations chinoises vers les États-Unis ont continué à progresser, tandis que les exportations américaines vers la Chine ont chuté ! Elles se sont même effondrées de plus de 20% depuis le début de l’année. La Chine, après avoir saturé le marché américain, est à la recherche de nouveaux débouchés en Amérique latine et en Afrique, alors que les États-Unis sont loin de profiter de l’immense marché chinois, objet de tous les rêves.
Devant les réactions que cela suscite aux États-Unis, le président n’a trouvé qu’une parade en appelant les entreprises américaines installées en Chine, et dont la production est touchée par ses mesures punitives, à quitter le pays pour aller se localiser ailleurs… « Nos formidables entreprises américaines ont pour ordre de commencer immédiatement à chercher une alternative à la Chine, y compris en ramenant nos entreprises à la maison et en fabriquant nos produits aux USA », a-t-il lancé avant de faire renfort de démagogie dans un autre de ses tweets : « Nous n’avons pas besoin de la Chine, et franchement nous nous porterons beaucoup mieux sans elle ». Un tel exode signifierait pour les entreprises américaines abandonner leur stratégie de développement reposant sur une implantation en profondeur sur un marché intérieur chinois en plein essor.
Donald Trump a faux sur toute la ligne. Il a conçu sa politique sans prendre en compte que la mondialisation est passée par là et que l’organisation de la production qui en est ressortie ne peut pas être défaite comme cela. Modifier les chaînes de production n’est pas une petite affaire. Et les très grandes entreprises, celles qui comptent, raisonnent, s’implantent et agissent à l’échelle du marché mondial. Le socialisme dans un seul pays n’a pas fonctionné, le capitalisme dans un seul pays ne peut plus fonctionner.
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(1) Une hausse des tarifs douaniers de 15 % s’applique à compter du 1er septembre sur 112 milliards de dollars d’importations américaines et vise des biens de consommation courante, notamment les vêtements, les chaussures et les produits d’équipement de la maison, achats traditionnels de la rentrée.
Vous devriez lire de temps en temps Guy Millière qui n’est pas de votre avis. Il est vrai que les démocrates (socialistes) détestent Donald Trump.