La pratique des taux obligataires négatifs s’est déjà installée, qui revient à faire payer les investisseurs qui prêtent de l’argent aux États et même à de grandes entreprises. Auparavant, les banques centrales avaient innové en distribuant avec prodigalité des liquidités quasi-gratuites. Mais voilà encore du nouveau !
Avec l’instauration par des banques centrales d’un taux négatif sur les facilités de dépôts des banques commerciales, celles-ci commencent à adopter une politique similaire envers leur clientèle qui laisse dormir du cash en compte courant. Le mouvement a débuté en Allemagne et en Suisse, au détriment de la clientèle d’entreprise. Engagé par UBS, il menace de s’étendre au Crédit Suisse. Chez le premier, la pénalité est de -0,75% sur les dépôts dépassant deux millions de francs suisses, répliquant le taux négatif de la facilité de dépôt de la Banque Nationale Suisse.
Le réseau des caisses d’épargne allemandes a emboité le pas et répercute, en totalité ou en partie, le taux négatif de -0,40% de la BCE sur sa clientèle d’entreprises, voire pour certaines caisses sur leur clientèle de particuliers quand leurs dépôts dépassent 100.000 euros. La banque centrale danoise avait pris les devants en faisant passer dès 2012 sous la barre des 0% son taux de dépôt, pour le fixer actuellement à -0,65%. La banque Jyske, troisième banque du pays, s’apprête à prélever -0,60% sur les dépôts supérieurs à 7,5 millions de couronnes (un million d’euros). Il était temps, les crédits immobiliers à dix ans qu’elle accorde étant au taux négatif de -0,50%, la banque payant ses clients pour qu’ils empruntent ! Pour spectaculaire qu’elle soit, l’opération a néanmoins un faible coût pour ceux-ci en raison notamment de la facturation des frais de dossier.
Le gouvernement allemand étudie l’interdiction de la taxation des dépôts des particuliers mais n’a encore rien décidé. En France, la question se pose autrement. Devant l’amoindrissement des marges bancaires, les autorités défendent à Bruxelles une transposition souple de la régulation bancaire de Bâle III, qui implique une augmentation conséquente mais étalée dans le temps des fonds propres, afin de préserver leur rentabilité. L’emploi ayant bon dos, on explique à Bercy que le secteur bancaire représente 800.000 emplois et qu’il ne faut pas charger la barque alors que des restructurations importantes sont en cours, avec comme conséquence de substantielles suppressions d’emploi à venir.
Les banques françaises, qui ne rémunèrent pas les comptes de dépôt, et qui dans la dernière période ont sans vergogne augmenté les frais de tenue de compte, comptent sur cette protection gouvernementale qui ne leur a jamais fait défaut. Il faut dire qu’elles auraient aujourd’hui quelques difficultés à facturer leur clientèle, au risque de déclencher un mouvement de départ. Or, selon la Banque de France, les dépôts à vue des ménages s’élevaient à 576,2 milliards d’euros au premier trimestre, représentant un matelas indispensable pour financer le crédit bancaire à moindre frais.
À ce train-là, jusqu’où ira-t-on ?
Bonjour à tous,
Cette histoire de taux négatif sur les dépôts soulève une question intéressante.
En effet, si les dépôts font les crédits comme on le dit et comme le montre en fait Paul Jorion, c’est à dire qu’il faut financer avec une ressource les prêts qu’on distribue avec un coefficient multiplicateur, ça veut dire qu’on taxe la ressource qu’on prête négativement ?
Ce n’est même plus sur la tête qu’on marche mais carrément dans un autre monde non ?
Ah quand un salaire négatif, plus tu bosses moins tu gagnes ?
Remarquez, comme il y a un moment que j’ai bien compris que toute cette foutaise de « science économique » était encore plus charlatanesque que les Tarots et la boule de cristal et que la seule réalité était un rapport de force arraché par de multiples artifices légaux et illégaux dans un ensemble humains bourré de schéma mentaux facilitant le système, tout ceci ne m’étonne plus du tout. reste que quand les gens vont perdre pieds et perdre confiance en tout, là le signal sera donné pour le grand effondrement ou un truc dans le genre ! Ou alors une grande et saine réaction planétaire des individus formant l’espèce humaine (on peut rêver ça fait du bien).
CloClo, les dépôts font les crédits et les reconnaissances de dettes finissent à la banque centrale pour faire du cash ^^
le salaire négatif, c’est le salaire différé, car les futures retraites deviendront peau de chagrin…
Cloclo, tu deviens collapsologue, et tu as bien raison.
bien à vous.
En fait les taux négatifs sur les dépôts bancaires reviennent effectivement à une taxation de l’épargne « qui ne travaille pas » ; c’est à dire de l’épargne dont le propriétaire ne se prononce pas sur le type d’emploi ou d’investissement de son pouvoir d’achat qui serait de nature à anticiper les productions de biens et de services qui répondraient à ces besoins futurs motivant implicitement son épargne.
Le problème de cette taxation financière est que son produit reste dans le système bancaire qui ne sait pas plus que l’épargnant définir et identifier les emplois et investissements répondant à des besoins réels qui soient constitutifs d’une demande solvable justifiant des crédits sains.