La BCE a beau annoncer pour septembre un nouveau train de mesures musclées, l’idée se répand que la politique monétaire est à son plafond et que la politique budgétaire doit prendre son relais.
La Frankfurter Allgemeine Zeitung s’y mettant, cette idée se diffuse en Allemagne dans les milieux les plus dogmatiques qui commencent à l’évoquer. Pouvant faire croire à un tournant qui ne va cependant pas intervenir. Déroger à l’équilibre budgétaire n’est ni dans les intentions d’Angela Merkel, ni dans celles du ministre des finances du SPD Olaf Scholz. Afin de financer la relance, les deux voudraient dégager de nouvelles ressources, et non pas creuser un quelconque déficit. À cette fin, le SPD milite en faveur d’une taxation des plus riches et la CDU/CSU préconise d’imposer les entreprises. Autant dire que tout cela n’ira pas loin. Confrontés à une récession qui s’annonce, les dirigeants allemands sont pris à leur propre piège
La Commission européenne, de son côté, marche sur des œufs en étudiant une « simplification substantielle » de certaines règles du pacte de stabilité et de croissance. Sous les feux croisés de ceux qui réclament leur assouplissement et de ceux qui n’en veulent à aucun prix. Or, il a bien fallu se rendre à l’évidence à Bruxelles, dans le contexte de faible croissance actuel, réduire l’endettement afin de le ramener à 60% du PIB est une vue de l’esprit.
Dans l’immédiat, la Commission a réagi à la fuite dont le Financial Times a bénéficié, en précisant que le document dont il a eu connaissance, au nom de code évocateur « SGP 2.1” (l’acronyme anglais de Pacte de Stabilité et de Croissance), n’a pas obtenu l’imprimatur de la hiérarchie du comité qui l’a rédigé, pas plus que celle de l’équipe chargée de la transition entre le départ de Jean-Claude Juncker et l’arrivée d’Ursula von der Leyen. On attend avec impatience la suite du feuilleton, dans la perspective de l’examen en novembre prochain du budget italien de 2020, qui sera pour ses débuts la grande affaire de la nouvelle Commission avec la gestion du Brexit.
La possibilité d’une appréciation politique finira-t-elle par s’imposer, ou bien faudra-t-il en rester à l’application pure et dure des règles ? C’est tout l’enjeu, mais les débats qui se déroulent en Allemagne, où les dogmes ont la vie très dure, laissent peu d’espoir à une évolution significative. Les composantes de la Grande Coalition jouent l’avenir de l’Allemagne au détriment de celui de l’Europe, dont ils favorisent l’éclatement avec leur attitude.