Le Mussolini au petit pied vient d’en rajouter à l’ignominie dont il fait son ordinaire. Un accord de répartition par six pays des réfugiés à bord de l’Open Arms étant intervenu, il n’a autorisé, à contrecœur a-t-il précisé, que le débarquement de 27 mineurs non accompagnés.
Pour marquer toutes ses distances, il les a qualifié de « présumés mineurs » et n’a pas permis au navire d’accoster à Lampedusa, envoyant un garde-côte opérer leur transbordement en mer. Par cette autorisation sélective, il bafoue ouvertement les instructions de Giuseppe Conte, le Premier ministre, et rejette la responsabilité du drame qui se joue sur l’Open Arms, qui selon ses propos désinvoltes aurait dû rejoindre un port espagnol.
107 réfugiés, adultes et mineurs accompagnés sont toujours à son bord, où les conditions de vie se sont considérablement dégradées après 16 jours de mer. Il y a deux jours déjà, l’ONG Proactiva avait déclaré que les 19 membres de l’équipage étaient démunis et ne pouvaient plus assurer la sécurité à bord, ayant de plus en plus de mal à gérer les tensions provoquées par la promiscuité, l’incertitude et l’état de « stress post-traumatique très élevé » des naufragés qu’ils ont sauvé.
L’Open Arms et les réfugiés sont les otages d’un épisode de l’éclatement de la coalition gouvernementale italienne et de la tentative de Matteo Salvini de prendre le pouvoir à la faveur des élections qu’il cherche à précipiter. D’où son attitude qui vise à le faire apparaitre comme l’homme fort que rien n’arrête et qui réglera les problèmes d’une Italie qui se rapproche de la récession. À l’extrême-droite, pour ne pas parler des fascistes, les postures ont toute leur importance.
Son attitude n’est pas sans rapport avec un accès de nervosité. Des tractations entre le parti Démocrate et le Mouvement des 5 étoiles pourraient en effet faire échouer son plan reposant sur des élections très rapprochées, le Président de République Sergio Mattarella ayant le pouvoir d’y faire également échec, disposant seul du pouvoir de dissoudre le Parlement et de convoquer un scrutin. Dans cette hypothèse, un gouvernement technique pourrait dans l’immédiat gérer les affaires du pays et œuvrer au projet de budget qui doit être présenté à Bruxelles. Car la simultanéité de la crise politique avec cette échéance de novembre est pour lui le pire des scénarios.
À Rome, les conciliabules et les manœuvres se poursuivent pour empêcher Matteo Salvini de devenir Premier ministre, ce souhait ardent partagé par des autorités européennes qui ne trouvent rien de mieux à faire que de se taire de crainte d’aboutir au contraire. Rien n’est fait.
Il reste 107 réfugiés à bord de l’Open Arms et 356 à celui de l’Ocean Viking, avec 103 mineurs dont seuls 11 d’entre eux sont accompagnés. Ce dernier est à l’arrêt entre Malte et la Sicile, attendant des instructions lui désignant un port.