Faute d’être parvenues à un accord entre elles, les autorités européennes sont condamnées à bricoler au coup par coup, tandis que les navires des ONG poursuivent sans relâche leurs sauvetages en mer de réfugiés en détresse. Un accord de répartition, le minimum que l’on pouvait attendre d’elles pour celles et ceux qui échappent à la noyade, reste inaccessible. En attendant un hypothétique accord lors d’une prochaine réunion, à Malte en septembre.
Soutenu par le Mouvement des 5 étoiles, Matteo Salvini de la Ligue est inflexible et s’en fait gloire. Il interdit à ces navires de pénétrer dans les eaux territoriales italiennes pour débarquer dans un port les réfugiés faute d’un accord préalable de répartition entre pays volontaires, afin qu’aucun d’entre eux ne reste sur le sol italien.
L’épisode du Sea-Watch 3 bravant toutes les interdictions à peine terminé, ce sont au tour de l’Alan Kurdi et de l’Open Arms – avec 164 réfugiés à leur bord à eux deux – d’attendre en mer un déblocage de la situation. Si les navires des ONG « entrent dans les eaux territoriales italiennes, nous les saisirons un par un. On verra bien qui se fatiguera en premier », a fanfaronné jeudi Matteo Salvini. À l’Open Arms qui avait demandé l’autorisation d’entrer dans un port italien, il a été fourni comme seule réponse par les autorités italiennes qu’une amende de 50.000 euros et la saisie du navire les attendaient. L’Alan Kurdi est reparti vers Malte. Il n’a pas pu pénétrer dans les eaux territoriales et des garde-côtés maltais vont aller y prendre en charge les 40 réfugiés à bord
Auparavant, les 140 réfugiés transférés au bord du Gregoretti, un navire de ravitaillement militaire italien, qui avaient été sauvés par des pêcheurs avant d’être recueillis par des vedettes des garde-côtes, ont pu être finalement débarqués suite à une longue attente, le navire à quai dans un port militaire italien. Au terme de trois jours de discussions la France, l’Allemagne, le Portugal, le Luxembourg et l’Irlande ont finalement accepté de prendre en charge les réfugiés. L’Église italienne a annoncé accueillir plus de la moitié des naufragés.
Tous les réfugiés n’ont pas cette chance. Selon le général Ayoub Kacem, le porte-parole de la marine libyenne, 134 migrants ont été sauvés de la noyade par ses soins, mais c’est pour les ramener en Libye dont ils cherchaient à s’échapper. 115 migrants sont portés disparus, c’est à dire se sont noyés, « la pire tragédie en Méditerranée cette année », a déploré Filippo Grandi, le haut-commissaire du HCR.
Le sort réservé aux réfugiés est emblématique de l’Europe dont les autorités sont porteuses, ne craignant pas de se référer à ses hautes valeurs. Elles capitulent devant les assauts d’une extrême-droite qui pêche en eau trouble, faisant un très mauvais calcul et donnant un encore plus mauvais signal.
Un continent entier, de 500 millions d’individus, le plus riche de la planète, le plus équipé en infrastructure, le plus socialisé, par ses représentant, s’interroge et se trouve réticent à accueillir 140 personnes ? Parce que de sombres crétins font leur emplettes électorales sur les terres de la xénophobie et du nationalisme ?
Bien plus surement que n’importe quelle crise économique ou climatique, ces faits là, sont le signe évident de l’effondrement de ce que nous croyons être notre « Civilisation ». Civilisation qui n’a d’ailleurs certainement existé que dans nos têtes. Mais là, même dans nos têtes, elle s’effondre devant une telle honte. Ce qui ne laisse rien présager de bon.
De la même manière que les forces de l’ordre (militarisées), ici, servent une classe dirigeante (qui pille la société) avec zèle, face à des citoyens désarmés et revendicatifs, les forces armées, serviront à une autre échelle un groupe de nations (qui pille les autres) face à des citoyens du monde en quête d’une vie meilleure.
Abolition des frontières, abolitions des forces militarisées, citoyens partout.