Donald Trump relance une guerre commerciale qui ressemble à s’y méprendre à une guerre des monnaies qui ne dit pas son nom. N’ayant obtenu de la Fed qu’une baisse a minima de son taux – la première en dix ans – il cherche à la forcer à ne pas s’en tenir là. Avec comme objectif la baisse du dollar sur le marché des changes afin de favoriser les exportations américaines, et partant une croissance qui faiblit et qu’il doit soutenir.
La quasi-totalité des exportations chinoises est désormais surtaxée. 300 milliards de dollars de produits vont être imposés dès septembre de 10% de taxes douanières supplémentaires, 200 milliards l’ayant précédemment été à 25%. Cette escalade « va accentuer la pression sur la Fed pour qu’elle cède aux pressions politiques et à celle des marchés, qui se sont toutes deux intensifiées après la communication brouillonne de la plus puissante banque centrale du monde hier », explique Mohamed El-Erian, le premier conseiller économique du méga assureur Allianz.
Le président américain a pris tout le monde de court, et les marchés ont dégringolé sans attendre la fin de sa conférence de presse. Pour les investisseurs, la hausse des tarifs douaniers fait du tort aux consommateurs comme aux entreprises, ne faisant jamais bon ménage avec l’économie. Les produits chinois concernés par ces nouvelles mesures sont des biens de consommation courante : électroménager, produits électroniques et agro-alimentaires, vêtements… Les consommateurs américains vont cette fois-ci être touchés. La fois précédente, il s’agissait majoritairement de produits industriels et une partie au moins des sanctions avait été absorbée par les entreprises.
Donald Trump avait indiqué qu’il prendrait sa décision peu après sa rencontre avec le président Xi Jinping, fin juin en marge du G20, mais il attendu pour annoncer sa décision la reprise des négociations à Pékin de cette semaine, ainsi que celle de la Fed. La hausse n’est cette fois-ci que de 10%, mais il a menacé de revenir dessus et passer aux 25% si les négociations n’aboutissaient pas prochainement.
Le président américain se frotte à forte partie et pas seulement avec ses interlocuteurs chinois. Le dollar aurait dû baisser ces dernières années en raison des déficits budgétaires et commerciaux américains, mais il n’en a rien été. Cela n’a pas plus été le cas après son annonce. Et il risque au contraire de se renforcer lorsque la BCE baissera son taux.
Les investisseurs attendaient quant à eux une plus forte baisse du taux de la Fed afin de doper leurs actifs. Pas satisfaits de la demi-mesure de Jerome Powell, le président de la Fed, dont la communication a été confuse, annonçant qu’il ne s’agissait pas du début d’une série de baisses tout en refusant d’en exclure une autre.
Entre la main du président de la Fed qui n’est pas assurée et celle du président des États-Unis qui tape du poing sur la table, tout cela ne donne pas l’impression d’être très maitrisé. Les dirigeants européens n’ont qu’à bien se tenir.