Donald Trump alimente le feu de ses guerres commerciales dans la perspective d’une réélection avec l’objectif de la favoriser. La Chine représente le gros morceau, et l’Europe reste pour l’instant sous la menace d’une grande offensive encore au stade des préparatifs.
Pour se justifier, le président américain agite systématiquement le spectre de manipulations des monnaies et de dévaluations compétitives, la pire des accusations au regard du code de bonne conduite, ce qui l’autorise à le transgresser à son tour.
Cela pourrait justifier demain, au nom de la loi du talion, que les États-Unis s’engagent dans une mutation, la guerre commerciale devenant une guerre déclarée des changes et de la monnaie, son stade suprême en quelque sorte. « Un risque qui ne devrait pas être sous-estimé », a déclaré Steven Mnuchin, le secrétaire au Trésor américain, à la sortie du dernier G7 finances.
Confirmé, il représenterait un tournant à 180 degrés par rapport à une politique favorisant jusqu’alors un dollar fort, et par ricochet le financement de la dette américaine, et aurait vocation à favoriser la relance une fois dissipés les effets des mesures initialement prises par Donald Trump. Et par la même occasion de faire mentir les commentateurs qui craignent que cela se termine par une dépression.
Le 75éme anniversaire des accords de Bretton Woods vient à point nommé pour constater la fin de la période glorieuse qu’ils ont ouvert au capitalisme. La globalisation est durement remise en question, et l’OMC et le FMI sont à un tournant de leur existence qu’ils ne parviennent pas à négocier. La première a perdu sa capacité de règlement des conflits avec la paralysie de l’Organe de règlement des différends (ORD), du fait d’un blocage américain, et l’élargissement du second est entravé, repoussant la prise en compte dans son fonctionnement de la nouvelle répartition de la puissance économique mondiale. Toujours par les mêmes intérêts américains qui, en faisant obstacle à toute évolution, se défendent pied à pied contre la perte de leur influence prédominante depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Avec à la clé, à terme, la mise en cause du rôle mondial du dollar dans les relations commerciales et au sein du système financier. Le commencement de la fin pour une puissance dont Donald Trump lutte à sa façon pour préserver la prééminence avant qu’il ne soit trop tard.
Mais il en est pour le système monétaire international comme pour tout le reste : il n’est pas apporté de réponse crédible aux nouvelles problématiques clairement identifiées du réchauffement climatique, de la numérisation de l’économie et de la montée des inégalités. Les conditions ne sont pas réunies pour qu’émerge et s’impose une architecture monétaire de remplacement reflétant les nouveaux rapports de force. Et cela aussi est destiné à durer. Comme si les États-Unis avaient encore la force suffisante pour entraîner le reste du monde dans leur déclin depuis si longtemps annoncé.
Dans cette attente, nous assistons selon David Lipton, le directeur général par intérim du FMI, « à ce qu’on pourrait appeler un Bretton Woods inversé. » Une démarche pas spécialement constructive.