En trois années de campagne avant d’avoir été immobilisé pour avoir perdu son pavillon, l’Aquarius aura secouru 30.000 réfugiés en mer Méditerranée. Combien de temps le nouveau venu « Ocean-Viking » qui vient d’être annoncé tiendra-t-il ?
SOS Méditerranée a affrété avec Médecins sans frontières cet ancien navire de 69 mètres de long d’assistance aux plate-formes pétrolières, afin qu’il patrouille dans une vaste zone au large des côtes libyennes où 426 réfugiés ont trouvé la mort depuis le début de l’année. La nouvelle équipe va prendre le relais de celle de « Sea-Watch 3 », dont le navire est immobilisé dans le port italien de Lampedusa, et maintenir la présence symbolique et active des ONG.
Coïncidence, les autorités européennes se réunissent lundi avec les responsables de l’agence Frontex, du HCR et de l’OIM (l’Organisation internationale des migrations). Ils n’ont pas comme intention d’étudier la réforme des accords et du mécanisme de Dublin, qui est résolument au point mort, mais d’éviter la répétition des longues tractations menées aux fins de répartition des réfugiés pour qu’ils puissent être sans délais débarqués dans un port européen, une fois secourus en pleine mer. La détérioration de la situation en Libye, qui participe de la dénonciation de la carence actuelle a également favorisé cette initiative franco-allemande qui devrait aboutir à l’engagement d’une quinzaine de pays européens, est-il espéré.
Dans le projet d’accord-cadre, informe Le Monde, figure « une relocalisation rapide des arrivants dans d’autres pays que ceux où ils débarquent et une procédure accélérée de retour pour ceux qui ne peuvent prétendre au statut de réfugié. » L’intervention des navires des ONG est encadrée et il est question d’un nouveau renforcement des moyens en garde-côtes de la Libye, car tout doit être fait pour que les réfugiés soient interceptés avant qu’ils ne quittent ses eaux territoriales afin d’être reconduits dans des camps de détention où ils sont traités de manière indigne.
Ne voulant pas le voir, les autorités européennes tentent de se donner bonne conscience à peu de frais avec ce nouveau mécanisme qui ambitionne d’accueillir tout au plus quelques dizaines de réfugiés sauvés de la noyade et ayant échappé à l’interception des garde-côtes libyens. Après avoir tout fait pour les faire bloquer en Turquie, en Libye et au Niger. Mais cela ne donne pas toute la portée limitée d’engagements qui devraient n’être valables que jusqu’en octobre prochain, fin présumée de la période la plus propice aux départs clandestins…