En Chine, la reconnaissance faciale a dépassé le stade de l’expérimentation ; elle est désormais déployée dans des circonstances de la vie quotidienne de plus en plus nombreuses et dans de nombreuses villes. Avec comme vocation affirmée de devenir progressivement omniprésente dans les zones urbaines, représentant la forme la plus accomplie d’un outil de haute technologie destiné, sous le prétexte anodin de sa facilité d’usage, à l’exercice d’un contrôle social au plus près de la population.
Alibaba et Tencent, les deux grands géants de l’économie numérique, sont les principaux vecteurs de sa propagation, fort du développement de leurs systèmes de paiement par reconnaissance faciale, respectivement Alipay et WeChatPay. Les plate-formes commerciales en ligne sont bien évidemment impliquées, mais toutes les occasions sont bonnes pour introduire une technologie considérée comme arrivée à maturité et suffisamment fiable pour gérer des payements.
Au fil de la journée, elle sera rencontrée en faisant ses courses dans un supermarché, où des caisses automatiques sont installées, ou pour accéder à son lieu de travail ou son établissement d’enseignement, ou bien encore pour aller déjeuner. À moins d’avoir seulement besoin de traverser une rue, d’emprunter un ascenseur ou de tirer des espèces à un distributeur avant, pour finir cette journée bien remplie, d’accéder à sa résidence sécurisée, à moins que ce ne soit à sa chambre d’hôtel, en déplacement, après avoir utilisé le métro pour s’y rendre. Et ceci n’est qu’un aperçu de toutes les circonstances où étant filmés l’on devra sourire ! Plus besoin de clés et d’argent en poche, le visage en fait office mieux que des empreintes digitales plus difficiles à recueillir.
Plus de 500 millions de Chinois ont l’année dernière utilisé leur smartphone pour régler leurs achats. Ce sont demain autant de clients tous désignés à une reconnaissance faciale qui va simplifier leur vie quotidienne et les faire à l’occasion profiter d’avantages incitatifs. Coup double, leurs données – l’image de leur visage et ce qui y sera associé – seront disponibles à des fins policières plus ou moins reconnues. Du paiement mobile au contrôle social, le pas n’est pas difficile à franchir. La NSA américaine avec ses grandes oreilles sera alors reléguée au rang d’enfant de chœur.
La fin de la vie privée a été pronostiquée, celle de l’anonymat pourrait l’être tout autant si la Chine, bientôt la première puissance économique mondiale, faisait école. Par comparaison, on remarque que d’excellents outils de reconnaissance faciale ont été développés en Russie. Le moteur de recherche le plus populaire chez les russophones, Yandex, dispose d’un outil très performant de recherche d’image, mais c’est l’application FaceApp au succès mondial qui doit retenir l’attention. Elle est développée par une société russe dénommée Wireless Lab et, sous prétexte de permettre de profondément retoucher les photos des visages, prétend pouvoir ensuite utiliser celles-ci comme elle l’entend et sans limite de durée. Dans la pratique, c’est un magnifique outil de collecte des visages dont l’utilisation pourrait facilement être détournée si ce n’est déjà fait…
Sommes-nous en occident à l’abri de la généralisation des technologies de reconnaissance faciale et du modèle en gestation de société qu’elles représentent ? Aux États-Unis, plusieurs villes ont déjà interdit son utilisation sur leur territoire – San Francisco et Oakland en Californie, Somerville dans le Massachusetts – mais c’est loin de représenter l’Amérique profonde… Son côté pratique fait craindre que les préventions qu’elle suscite seront vite balayées, et que dans de nombreuses occasions elles s’imposeront une fois mises en place. Prochainement dans les aéroports, demain dans d’autres lieux qu’il faudra sécuriser, ce maitre mot auquel rien ne résiste.
Masque facial de rigueur
Pour que ce masque même se vende, il ne reste qu’à en trouver la formule. Tout est prêt : les capitaux, la publicité, la clientèle. Qui donc inventera le masque facial ?
Je n’ai jamais écrit ce post. Et je demande à François Leclerc de bien vouloir faire une enquête pour découvrir quel en est l’auteur.
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