La crise politique continue sa traversée de l’Europe, atteignant plus particulièrement l’Italie, l’Espagne et l’Allemagne. Dans les trois cas, une coalition est en cause : l’italienne et l’allemande vacillent et l’espagnole ne parvient pas à voir le jour.
À Rome, la coalition pourrait éclater dès ce week-end, sa rupture entrainant des élections en septembre prochain. Mais est-ce que cela sera pour cette fois-ci ? De nombreux facteurs s’accumulent qui pourraient conduire la Ligue à percer l’abcès. Les deux partis n’ont pas adopté la même position vis-à-vis de la nomination d’Ursula von der Leyen, le premier s’y refusant d’y souscrire et le second s’y étant engagé. Avec en contrepartie négociée la nomination d’un commissaire italien que la Ligue réfute, faute que ce soit son candidat. La réforme de l’impôt sur le revenu – la « flat tax » de la Ligue – fait également problème étant donnée l’ampleur de la réduction des recettes fiscales qui en résulterait. Enfin, la situation n’est pas tenable, les sondages accordant à la Ligue près de 40% des voix, un seuil qui lui donnerait la majorité absolue, alors que le Mouvement des 5 étoiles continue de s’appuyer sur des effectifs de députés et de sénateurs supérieurs à ceux de la Ligue à la suite des dernières élections.
La situation reste toujours aussi confuse en Allemagne, tant au SPD qu’à la CDU. Au sein de cette dernière, comme dans l’opinion publique, la nomination d’Ursula von der Leyen, ainsi que son remplacement au ministère de la Défense par Annegret Kramp-Karrenbauer (AKK) ne passe pas. La position de celle-ci, qu’Angela Merkel verrait bien lui succéder tout en maitrisant de moins en moins les événements, en ressort fragilisée.
Deux binômes composés d’un homme et une femme font campagne au sein du SPD pour occuper la présidence vacante du parti. Mais la candidature la plus prometteuse milite pour la rupture de la coalition, entrainant dès à présent tous les membres du SPD dans un débat sur le sujet. Karl Lauterbach et Nina Scheer ont affirmé dans leur lettre de candidature que la coalition n’était pas en mesure de résoudre les problèmes les plus urgents du pays, et annoncé qu’ils lanceront un référendum avant de passer à l’acte s’ils sont élus. Et il plane sur la vie politique allemande la petite phrase de Wolfgang Schäuble, devenu président du Bundestag, qui s’est exprimé en faveur d’un gouvernement CDU/CSU minoritaire et contre la reconduction de toute nouvelle coalition : « Si le SPD, après débat interne, souhaite quitter la coalition avant la fin de la législature, la CDU/CSU devrait continuer à gouverner seule ».
En Espagne, les espoirs d’investiture de Pedro Sanchez qui se dessinaient ont été finalement contrecarrés par le résultat d’un référendum parmi les membres de Podemos. 70% des votants ont soutenu la position de Pablo Iglesias qui réclame que des ministères clés soient concédés dans le gouvernement de coalition en discussion. La participation même de Pablo Iglesias à celui-ci fait problème, repoussée par Pedro Sanchez étant donné sa charge symbolique et politique, ainsi qu’en raison des désaccords sur la question catalane. Les négociations sont désormais rompues et, faute d’un accord de coalition avec à la clé une quasi majorité parlementaire, de nouvelles législatives se profilent pour le mois de novembre.
DERNIÈRES NOUVELLES : Pablo Iglesias a déclaré renoncer à un portefeuille pour ne pas faire obstacle à un accord.