Fort de sa victoire aux législatives du 7 juillet, Kyriákos Mitsotákis, le président de Nouvelle Démocratie, a pris la succession d’Alexis Tsipras de Syriza, mais cela ne change rien à l’affaire. La Grèce reste sous la tutelle inflexible d’autorités européennes qui veillent au grain dans un « cadre de surveillance renforcée ».
Dès le lendemain des élections, le président de l’Eurogroupe Mario Centeno a douché les espoirs du nouveau Premier ministre : « les engagements sont les engagements Si on ne les tient pas, la crédibilité est la première chose qui s’effondrera. Cela amènera moins de confiance, moins d’investissement et, à terme, moins de croissance ». Kyriákos Mitsotákis, qui avait promis d’obtenir une réduction des objectifs budgétaires d’excédent primaire, pouvait dès lors se le tenir pour dit : il n’obtiendrait rien.
Ce que confirmait par la suite Klaus Regling, le patron du Mécanisme européen de stabilité : « l’objectif de 3,5 % est une pierre angulaire du programme d’aide depuis le début. C’est une condition sine qua non à des mesures supplémentaires d’allègement de la dette ». Il réagissait à l’estimation de la banque centrale grecque qui a estimé l’excédent primaire à 2,9% cette année, bien en deçà de l’objectif de 3,5%.
Le dernier rapport portant sur la réalisation des objectifs budgétaires ne satisfait pas Klaus Regling : « le rythme de la mise en œuvre des réformes s’est ralenti ces derniers mois, et des mesures ne correspondent pas aux engagements pris auprès des partenaires européens » a-t-il observé. Ce qui l’a conduit à suggérer un élargissement de l’assiette fiscale grâce à la réduction du seuil du revenu de non imposition – une mesure adoptée puis annulée par Syriza avec l’accord de Nouvelle Démocratie avant les élections – et à mettre en garde contre toute augmentation du salaire minimum supérieure au taux de croissance. Une pierre dans le jardin du nouveau Premier ministre qui a fait campagne pour augmenter le salaire minimum deux fois plus vite que la progression de la croissance dans les années à venir, avec comme objectif d’atteindre 730 € d’ici 2021, contre 650 € actuellement.
Respecter les engagements, c’est vite dit si l’on considère les objectifs de privatisation de 50 milliards d’euros qui sont assignés. C’est même inatteignable, au vu de ce qui a été péniblement réalisé, cinq directeurs se succédant à la tête de l’organisme qui en est chargé, le Taiped. À ce jour, 42 privatisations ont été réalisées ou sont en cours de finalisation depuis 2011 pour un montant total d’environ 6 milliards d’euros. Et 1,5 milliard d’euros devraient être recueillis d’ici la fin de cette année, on est loin du compte.
Rien ne sera épargné aux grecs afin que les membres de la Troïka n’aient pas à se déjuger. Immanquablement, l’heure viendra de revoir les objectifs assignés au gouvernement, mais ce sera le plus tard possible,