Ce qui devait arriver arriva ! Le commissaire européen Pierre Moscovici a annoncé la décision de la Commission à propos de l’Italie : « une procédure pour déficit excessif au titre de la dette n’est plus justifiée à ce stade ». Elle doit encore être formellement validée par l’Eurogroupe le 9 juillet. Et Matteo Salvini a immédiatement repris ses forfanteries : « j’en étais sûr, maintenant je proposerai au gouvernement d’accélérer sur le budget de l’an prochain. »
La Commission ne s’est toutefois donnée qu’un faible répit, se contentant de transmettre l’épineux dossier à l’équipe qui va succéder à sa tête. La décision est repoussée à l’automne, lors de l’examen du budget 2020, que le gouvernement italien s’est engagé à tenir dans les clous contre toute vraisemblance. Ses marges de manœuvre sont des plus réduites, la croissance ne montre aucun signe de rebond, plusieurs signaux indiquant que le PIB s’est une nouvelle fois contracté au deuxième trimestre, tandis que la Banque d’Italie estime la croissance 2020 à 0,7 % seulement. Et Matteo Salvini promet pour l’an prochain une baisse des impôts à hauteur de 15 milliards d’euros…
Le gouvernement italien ne pourra pas rééditer le réajustement budgétaire qu’il a réalisé en catimini pour l’atterrissage de cette année, s’étant par ailleurs engagé auprès de Bruxelles à une hausse de la TVA correspondant à 23 milliards d’euros en 2020, tout en promettant aux Italiens que celle-ci ne serait jamais mise en œuvre. Comment résorber ce grand écart ?
C’est à un tout autre problème que les dirigeants allemands sont confrontés, face à la déflation du carnet des commandes de leur industrie. Celles à l’exportation chutent, plus particulièrement avec les pays extérieurs à la zone euro. Un rapport de l’Institut IFO annonce que les industriels vont sans doute devoir recourir au « Kurzarbeit », un mécanisme de temps partiel destiné à éviter des licenciements bruts. Le risque d’une récession de l’économie allemande s’accroit, et si la croissance devrait rester positive au premier trimestre de l’année prochaine, la Bundesbank anticipe une légère contraction au trimestre suivant.
Ces deux situations résument à elles-seules la tâche que vont devoir affronter les nouvelles venues à la tête de la Commission et de la BCE, une fois leur nomination confirmée. Derrière l’accueil mitigé qui leur a été réservé, comment ne pas voir l’expression de profonds désaccords sur la conduite à tenir dans la période à venir qui ne sont pas ouvertement discutés, pour laquelle elles n’ont pas de ligne de conduite ? Faute de mandats, des noms sont lancés qui n’augurent en rien de la définition d’une politique qui se cherche pour succéder à celle qui n’a pas tenu ses promesses déjà oubliées. Les restrictions budgétaires et la relance économique ne font pas bon ménage, ce qui augure de lendemains tumultueux. Le démantèlement de l’Europe n’est pas interrompu.
Masayoshi Amamiya éclaire par ses déclarations ce que les dirigeants européens ne veulent pas voir. La Banque du Japon (BoJ) ne parvient toujours pas à faire décoller l’inflation en dépit de la poursuite de ses mesures monétaires de grande ampleur, et le vice-gouverneur de la banque centrale du Japon annonce que celle-ci étudie un nouveau train de mesures. Elle pourrait baisser d’avantage les taux négatifs, augmenter encore plus les rachats d’actifs ou bien encore réduire son objectif de rendement obligataire long de 0%.
La BoJ est l’expression accomplie de l’impasse dans laquelle une banque centrale se trouve quand elle a puisé dans tous les recoins de sa boite à outils monétaires. Toutes proportions gardées, la BCE n’est-elle pas en passe de se trouver dans la même situation ? Encensé pour sa maitrise de la situation hier, que pourrait Mario Draghi demain ? N’a-t-il pas répété sans arrêt – et sans succès – que chacun devait jouer sa partition, appelant les gouvernements à jouer la leur ? Il peut être reproché à Christine Lagarde de ne pas avoir la pointure requise pour le job, mais comme le serait son prédécesseur s’il avait rempilé, elle se trouve dans la nécessité d’innover en bousculant les dogmes et tabous.
La mission de la BCE a été élargie sans le dire, et ses moyens devraient maintenant être renouvelés. Ce qui passe, quelle horreur ! par le franchissement clair et net pour cette fois de l’interdit de la création monétaire si l’on ne veut pas changer de politique budgétaire. À moins de s’engager par défaut dans une ère caractérisée par une vie économique durablement encalminée et une vie sociale et politique qui promet d’être agitée…
Apparemment , la (grosse) commission est plus indulgente envers un gouvernement d’extrême droite qu’envers un gouvernement (soit disant) d’extrême gauche .Il est vrai que la Grèce n’est pas l’Italie .Toujours est-il que le « FIDES » et le « PIS » ont plus voix au chapitre que « ZIRIZA » . Plutôt Hitler que le front populaire .
Faudra-t-il donc en dernier recours, acheter de l’or?
Si M Sarkozy était le président des riches, M Macron est lui le président des super-riches. Il a donc inventé la « fat tax » sur l’or avec un taux de taxation sur la plus-value réelle à 36,2% (le matin, mais également le soir). Taxation qui sert à rembourser la dette de l’État-impécunieux-et-en-faillite détenue… par les super-riches.
Le genre de détail qui risque de faire comprendre aux classes moyennes supérieures –mais trop tard-, que non, finalement c’était une très mauvaise idée de voter pour M Macron.
Les néolibéraux sont beaucoup moins doués pour les discours qu’un certain vieil alcoolique dépressif cher à nos cœurs (mais quand même méchamment de droite, nobody is perfect) : ils promettent aux gueux du sang et des larmes. Et c’est tout !