Giuseppe Conte et Giovanni Tria, le président du Conseil et le ministre des Finances italiens, vont-ils avoir gain de cause ? À la lecture des rumeurs dont la presse allemande se fait l’écho, la Commission pourrait dans l’immédiat ne pas décider d’une procédure de déficit excessif et leur donner contre toute attente raison. En attendant un éventuel rebondissement à l’occasion d’une prochaine rencontre des autorités européennes.
Le gouvernement italien était hier censé clarifier ses intentions et modifier ses prévisions de déficit pour 2020, mais il s’est contenté de ramener celles de cette année de 2,4% à 2,1 ou 2%. Car l’exigence de diminution de la dette par la Commission est dans l’état actuel incompatible avec la mise en vigueur, même graduelle, des deux mesures phares de la Ligue et du Mouvement des 5 étoiles, la baisse des impôts et le revenu citoyen. Et Matteo Salvini, qui a le plus à gagner d’une confrontation avec la Commission, a proclamé son refus abrupt de nouvelles coupes budgétaires.
La menace de l’introduction de « minibons », qui représentent un premier pas en vue de la création d’une monnaie parallèle, pourrait ne pas être étrangère à cette prudence de la Commission. Entre le Brexit, la réanimation des tensions avec Donald Trump, le renouvellement des principaux dirigeants européens et la relance par la BCE de ses mesures non conventionnelles qui se précise, en raison de la faiblesse persistante de l’inflation, le moment est certes assez mal choisi pour engager une bataille frontale avec le gouvernement de la troisième puissance économique européenne. Et les dirigeants européens ne sont pas des héros.
S’il est urgent d’attendre et de repousser la décision, ce ne sera pourtant au mieux qu’un an consacré à des escarmouches de gagné, la Commission estimant que le déficit budgétaire 2020 crèvera le plafond des 3% du PIB, l’endettement continuant à progresser. Mais c’est toujours bon à prendre et laissera la prochaine Commission hériter de cette situation.