La détermination des autorités allemandes à imposer le respect de leur politique a trouvé le renfort efficace d’une nouvelle « Ligue hanséatique » menée avec intransigeance par les Pays-Bas. Face à ce blocage, tous ceux qui sont à la recherche de marges de manœuvre s’y cassent les dents. L’Union européenne reste sous férule allemande.
La nomination aux deux postes-clés que sont la Commission et la BCE offre l’occasion de tester une fois de plus la stratégie d’influence adoptée par Emmanuel Macron, qui ne lui a pas jusqu’à maintenant réussi, le conduisant à avaler couleuvre sur couleuvre. Lors de ce nouvel épisode, il tente d’éviter la désignation des candidats soutenus par le gouvernement allemand. C’est en cours à la Commission et cela viendra à la BCE, en ordre dispersé bien que les deux nominations soient de facto liées. Avec comme principale question : les candidats allemands à ces postes pourront-ils être tous deux retoqués ? Et une question subsidiaire : auquel de ces deux postes une nomination d’un candidat allemand devrait-elle prioritairement être évitée ?
La stratégie d’influence du président français qui prétend jouer au plus fin a déjà montré ses étroites limites, mais il n’en dispose pas de rechange, car il lui faudrait affronter ouvertement le partenaire historique de la construction européenne, une stratégie pour lui inconcevable et qu’il serait pourtant le mieux placé pour déployer. Le résultat est qu’il parle beau mais agit peu. Une attitude qui d’ailleurs n’est pas propre à sa politique internationale et qui devrait procurer un satisfecit aux rédacteurs de ses discours.
Les dirigeants espagnols viennent de connaître leur baptême du feu. Nadia Calviño, la ministre des finances espagnole, et Pedro Sánchez s’y sont cassés les dents. Ils ont tous deux fortement revendiqué un budget de la zone euro et un système européen de garantie des dépôts. Mais rien n’est sorti des dernières réunions. Un groupe de travail présidé par l’Allemagne et l’Espagne s’était préalablement perdu dans la discussion. Lors de la clôture du sommet méditerranéen de Malte, Pedro Sánchez a eu beau déclarer que l’Espagne ferait pression pour un salaire minimum européen et une fonction de stabilisation du budget de la zone euro, qui n’en a même pas la dénomination, mais il n’a rien obtenu et a fait l’apprentissage des dures réalités.
L’Italie est entrée dans une période d’instabilité politique accentuée et s’approche d’une confrontation avec la Commission. Le président du Conseil Giuseppe Conte menace de démissionner si la Ligue et le Mouvement des 5 étoiles ne se mettent pas d’accord sur un projet de budget et continuent à se répandre en polémiques dans les médias, tandis que Matteo Salvini en fait autant au cas où son projet de « flat tax » ne devait pas être retenu, aboutissant, a-t-il précisé, à une réduction d’au moins 10 milliards d’euros des impôts. L’Union européenne autorisera l’Italie à accroître son déficit si c’est profitable pour son économie, assure de son côté Luigi Di Maio, dans un entretien publié mardi par le Corriere della Sera.
Dans les sondages, il se confirme que la Ligue a fortement progressé et que le Mouvement des 5 étoiles continue de régresser. Ouvrant la possibilité, sur le papier, d’une coalition de la Ligue avec un petit parti pro-nazi, les Fratelli d’Italia (dont le nom reprend les paroles de l’hymne national). De quoi donner du poids au chantage de Matteo Salvini lorsqu’il menace de la tenue de nouvelles élections en faisant éclater la coalition actuelle. Giuseppe Conte tente de son côté d’éviter une procédure de déficit excessif déclenchée par l’accroissement de l’endettement en prévoyant des rentrées fiscales supplémentaires. Mais Matteo Salvini explose : « les carcans à l’avenir ça suffit ! étrangler la croissance ça suffit », ne voulant s’en tenir qu’à une meilleure gestion des dépenses. En Italie, il a devant lui un boulevard.