Matteo Salvini avait choisi le thème de l’immigration pour sa première année d’exercice du pouvoir, il exhume la vieille tarte à la crème du choc de l’offre pour la seconde et justifie sa politique de diminution d’impôts qui étranglent la croissance de l’économie, de plein pied dans le champ de l’école de pensée libérale. L’économiste Jean-Baptiste Say avait résumé le principe de cette politique en prétendant tout simplement que « l’offre crée sa propre demande ».
Le leader de la Ligue a été chercher son inspiration aux États-Unis afin d’y rencontrer Grover Norquist, un activiste bien connu président de Americans for Tax Reform et proche en son temps du mouvement Tea Party, aujourd’hui de Donald Trump. Son intention serait d’associer au projet controversé d’émissions de « minibons » – permettant aux italiens de payer leurs impôts et d’accroître la consommation – une politique de l’offre s’appuyant sur une baisse de la fiscalité. Avec pour objectif de susciter la relance de l’économie.
Une telle campagne, s’inspirant de celle de Donald Trump quant à la réduction des impôts, aurait l’avantage de mettre les milieux économiques et financiers de son côté dans la confrontation avec les autorités de la Commission. À l’inverse du scénario grec, où l’on a vu l’establishment se ranger du côté de ces dernières quand la proposition de « minibons » de Yannis Varoufakis a émergé.
Matteo Salvini ne mendierait plus à Bruxelles un peu de souplesse budgétaire, si cette politique fonctionnait, le pays créant lui-même les conditions de sa relance. Sur le papier et du haut des tribunes, cela peut fonctionner. Mais ce schéma très idéologique est-il bien réaliste ? N’induit-il pas une dynamique de sortie de l’euro, sans garantie de résultat pour autant ?
Italie-UE : la grande explication.
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