La volonté de rester unis l’a emporté sur des désaccords placés au second plan. La 1ère Conférence nationale de la société civile, qui s’est tenue samedi à Alger, est parvenue à définir les conditions générales d’une « sortie de crise et de transition démocratique », une première depuis le démarrage du mouvement le 22 février.
Dans la perspective de la naissance d’une deuxième République, quelques 70 collectifs, associations et syndicats se sont accordés pour préconiser la mise en place d’une « transition de six mois à un an », au sein de laquelle une commission indépendante aurait pour mission de « diriger, organiser et déclarer les résultats des élections ». Un compromis final a présidé à l’élaboration de cette formule qui n’éclaircit pas tout. Qui, en premier lieu, désignera les membres de cette commission ? Mais il évacue la tenue immédiate d’une élection présidentielle d’une part, et la convocation d’une assemblée constituante de l’autre, les deux positions antagonistes de départ.
Ce flou est le prix à payer du consensus, après de longues tractations. Il laisse sous silence les modalités d’un processus de négociation avec l’ANP, qui s’en tient à son cadre « institutionnel » sans parvenir à l’imposer. Sous la férule de l’armée, un nettoyage du système touchant les rouages mis en place par Abdelaziz Bouteflika se déroule, mais il le préserve en ne le remettant pas en cause. L’armée, qui a besoin d’une caution politique pour occuper le devant de la scène, va continuer à chercher à susciter des vocations pour jouer ce rôle, après avoir échoué une première fois. Pour y parvenir, elle devra maintenant aller à la pêche de responsables consentants en rompant le front qui s’est constitué. Faites vos jeux !