Pour le 17ème vendredi consécutif, les places et les rues d’Alger et de toutes les principales villes du pays, de Sétif à Constantine et de Sidi Bel Abbès à Mostaganem, ont été envahies par des marées de manifestants venus en famille, sans que leur nombre et leur tranquille détermination ne faiblissent.
Cette semaine, le chef d’État-major Ahmed Gaïd Salah n’a pas pris comme de coutume la parole après la manifestation des étudiants du mardi, laissant le chef de l’État par intérim Abdelkader Bensalah, dans une très rare intervention, lancer un appel au dialogue aux forces politiques afin de défendre la ligne « constitutionnelle » de l’ANP (l’Armée nationale populaire), pressant à ce que des candidatures se déclarent pour la troisième édition d’une élection présidentielle par deux fois remise… faute de candidats !
Les algériens ont enregistré comme de premières victoires, qui en appellent d’autres, les nouvelles de la semaine. L’ancien Premier ministre Ahmed Ouyahia ainsi que l’ex-ministre des Travaux Publics et des Transports Abdelghani Zaalane ont été placés en détention provisoire par un juge d’instruction de la Cour suprême, à qui onze autres dossiers ont été transmis par le parquet dans des affaires de dilapidation des deniers publics et d’abus de fonction. Quarante-cinq personnes, dont de nombreux hauts responsables, font désormais l’objet d’une enquête judiciaire pour notamment des faits de corruption et de blanchiment d’argent. Personne n’est toutefois dupe, un grand coup de balai est donné mais le système reste en place.
Un grand pas en avant est en passe d’être franchi. Une Conférence nationale de la société civile se tiendra le 15 juin, préparée depuis des semaines par trois pôles qui y ont travaillé d’arrache-pied : le Collectif de la société civile pour une transition démocratique et pacifique, le Forum civil pour le changement et la Confédération des syndicats algériens. À eux trois, ils regroupent 71 associations et syndicats et ont tous pour objectif l’adoption d’une feuille de route de sortie de crise.
C’est la première fois depuis le début du mouvement du 22 février qu’une tentative de définir un plan de règlement de la crise est entreprise, de manière collective mais sans prétendre parler au nom du mouvement. Jusque-là, on a assisté à de multiples appels allant dans tous les sens de personnalités nationales et de partis politiques. L’intention est cette fois-ci de définir en commun la voie conduisant à la fondation d’une seconde République. Si un large consensus s’est d’emblée constitué durant les travaux autour de la rupture radicale avec le système en place et le rejet des élections à courte échéance, des divergences subsistaient qu’il a fallu résorber.
Deux tendances s’étaient dégagées au départ, l’une en faveur d’une Constituante comme préalable à toute refondation du système, l’autre s’en tenant à confier au futur Président élu le soin d’ouvrir les chantiers des réformes qui s’imposent. Condamnés à s’entendre et le sachant, les participants aux réunions préparatoires sont parvenus à un compromis qui sera dévoilé lors de la conférence, demain 15 juin.
Pourquoi une constituante ne faisait-elle pas l’unanimité?
Je n’ai pas trouvé d’articles d’actualité argumentant contre une constituante.
De ce que je perçois, j’ai surtout l’impression que les algériens ne veulent pas se faire voler la chute de Bouteflika de la même manière que les tunisiens se sont fait volé la chute de Ben Ali.
Le plus proche que j’ai trouvé d’une opposition à une constituante, c’est la position de Soufiane Djilali. Aucune idée de son audience réelle dans la rue d’Alger.
https://www.tsa-algerie.com/pour-sofiane-djilali-le-pouvoir-doit-negocier-son-depart-et-non-pas-son-maintien/