Enfin ! les dirigeants européens vont pouvoir exceller avec la nomination par consensus des prochains présidents de la Commission et de la BCE, le mandat des actuels arrivant à leur terme. La procédure est révélatrice de leurs talents au billard, la partie pouvant s’éterniser avant qu’un compromis final puisse être entériné.
Elle se joue en aveugle, certains candidats menant déjà ouvertement campagne, d’autres espérant tirer plus tard les marrons du feu en se manifestant au moment opportun. Tous ont en commun de ne pas afficher de profession de foi, réduisant les décideurs à privilégier la nationalité de leurs poulains, identique à la leur bien évidemment. L’opacité du processus des nominations est garantie, rien de nouveau sous le ciel européen.
Cette grande affaire va prendre le dessus sur toutes les autres, et il se pourrait que les ministres des Finances appelés à valider ou non la procédure de déficit excessif de l’Italie décidée par la Commission préfèrent attendre l’automne pour éviter tout télescopage.
La candidature présumée à la tête de la BCE de Jens Weidmann, le président de la Bundesbank, suscite sans attendre des réactions prononcées de rejet, tant il apparait comme l’opposé de Mario Draghi, de sa souplesse et de son pragmatisme. Martin Wolf, le chroniqueur vedette du Financial Times, a estimé que sa nomination serait un « désastre », disant tout haut ce que beaucoup pensent tout bas.
Les autorités gouvernementales romaines ont déjà affiché leur préférence pour un candidat français et leur soutien à la candidature de Manfred Weber, un dirigeant de la CDU allemande. Tandis qu’Emmanuel Macron a surpris en déterrant l’intention ancienne prêtée à Angela Merkel de présider la Commission, qui avait fait long feu, pour annoncer qu’il la soutiendrait si elle était déclarée.
Voilà deux bons coups de billard, car une règle non écrite veut que les présidences de la BCE et de la Commission ne peuvent être attribuées à des candidats de même nationalité.
Pour le reste, on reste dans le flou le plus total. Combien de temps devra-t-on attendre qu’une fumée blanche signale que les jeux sont faits ? Il semble que tout y soit suspendu, ce qui ne nous étonnera pas étant donné les manières de ce monde et son appétence pour les intrigues et les coups bas.
Ces nominations valent débat sur l’orientation future de la Commission et de la BCE, le critère des choix se résumant à la sensibilité présumée des vainqueurs aux sirènes gouvernementales. Quelles mœurs !