Expression de la plus parfaite impuissance, l’essentiel des discussions du dernier G20 finances du 9 juin a porté sur la formulation du grand sujet d’inquiétude du moment, le danger que représente la poursuite de la guerre commerciale menée par Donald Trump. Une trentaine d’heures ont été nécessaires afin de la trouver et de préserver une unité de façade imposée par une convention bien établie. Censée témoigner de la force du G20, celle-ci exprime sa faiblesse.
Le constat est là : « La croissance mondiale semble se stabiliser (…) mais elle reste faible et les risques d’une détérioration demeurent. Surtout, les tensions commerciales et géopolitiques se sont intensifiées », constate le communiqué final.
Un accord ayant été trouvé entre les États-Unis et le Mexique, qui n’avait pas le choix, c’est la poursuite de la confrontation sino-américaine qui est au centre des plus grandes craintes. Et les espoirs – puisqu’il faut toujours en avoir dans ce monde où le déni est la règle – même des plus tenus, sont mis dans la rencontre entre Xi Jinping et Donald Trump mettant à profit la tenue du G20 des chefs d’État et de gouvernement des 28 et 29 juin à Osaka, qui a été annoncée par Steven Mnuchin, le secrétaire au Trésor. Celui-ci a profité de la réunion des ministres des Finances pour rencontrer le gouverneur de la Banque de Chine, Yi Gang, afin de la préparer. Mais il en ressort, selon Steven Mnuchin, que la discussion a été « franche », vocabulaire indiquant que rien n’en est sorti.
Le FMI considère la résolution des tensions commerciales comme une « priorité absolue », une fois mesurées les conséquences négatives sur la croissance mondiale de leur poursuite. « La route devant nous demeure précaire », a déclaré pour sa part Christine Lagarde. L’économie mondiale est à « un tournant délicat », insiste le Fonds dans son communiqué. N’étant pas en reste, la Banque mondiale a abaissé ses prévisions pour la croissance internationale de l’année à 2,6%. L’optimisme est pour le moins mesuré, et les espoirs en conséquence.
Contre toute attente, les exportations de la Chine – qui représentent près de 20% de son PIB – ont à nouveau augmenté de 1,1% en mai par rapport au même mois de l’an dernier, alors que les analystes prévoyaient une baisse de 3,8%. Tandis que les importations ont accusé une forte baisse, attestant d’un affaiblissement de la demande intérieure, tout le contraire des exigences américaines.
De fait, la poursuite de l’affrontement sino-américain semble inévitable, tant il est vrai qu’il ne se limite pas à ses aspects proprement commerciaux et repose sur la farouche volonté américaine de ne pas être dépassé par la Chine au classement des grandes puissances commerciales, et à défaut d’en retarder le plus possible le moment. Cela représenterait en effet l’amorce d’un irrésistible déclin américain, en mettant en cause le statut de monnaie de référence du dollar et les facilités de financement de l’énorme dette américaine qu’il procure.
Les années à venir s’annoncent marquées d’un double sceau. Celui de cette compétition désormais bien installée, et celui de l’impasse tout aussi durable dans laquelle l’Europe se trouve en raison de l’incapacité de dirigeants baignant dans leur jus de concevoir puis d’imposer une alternative à la politique de désendettement du gouvernement allemand, que les nombreux adeptes de la théorie des cycles économiques qualifient de « contracyclique » (après la pluie vient le beau temps). Il est vrai que dans leur aveuglement les réformes libérales qui l’accompagnent leur conviennent parfaitement. Tout aussi irrésistible, l’accroissement des inégalités et des effets politiques déstabilisants qu’elles favorisent ne sera jamais assez dénoncé. Dans ces conditions, il ne reste plus qu’à attendre le prochain épisode aigu de la crise financière…
Cette statistique a donc peu de chances d’apaiser ceux qui craignent qu’un conflit commercial long et coûteux entre les États-Unis et la Chine soit à présent inévitable, au risque d’entraîner le monde dans la récession.