C’est entendu, la Deutsche Bank est la grande malade du système bancaire européen et les autorités ne savent pas quoi en faire. Avec une banque de cette taille, les bricolages ne suffisent pas. Un projet de fusion avec la deuxième grande banque privée, Commerzbank, la moins mal en point des deux plus importantes dans laquelle l’État a déjà dû prendre 15% des parts, a été longuement étudié mais il a dû être abandonné. L’ensemble n’apportait aucune garantie de sortir du drame constitué mais créait des complications supplémentaires, laissant sur le carreau dix milles employés.
On a depuis appris que le Bafin, le superviseur allemand des marchés, avait discrètement créé une structure chargée d’étudier des soins intensifs à administrer aux banques en difficultés. Tout le système bancaire allemand, fait de banques régionales et de caisses d’épargne n’est pas à l’abri. Les banques commerciales allemandes ont un très faible ratio de retour sur fonds propres. Cela est reconnu, et dieu sait ce que cachent les bilans de certaines ! Et le Bafin constate d’une année sur l’autre que la situation ne s’améliore pas. Combien d’établissements et lesquels sont sous surveillance ? Cela n’a pas été divulgué afin de ne pas mettre de l’huile sur le feu. On sait seulement qu’une dizaine de banques seraient suivies de près par cette cellule, afin de leur venir si besoin très rapidement en aide et de ne pas être pris par surprise.
En dépit des nombreux obstacles de toute nature, les fusions transfrontalières sont aux yeux des analystes la seule solution, car il n’est pas envisageable que le problème soit réglé à l’échelle allemande. C’est ce que vient de signifier l’échec du projet de fusion entre la Deutsche et Commerzbank.
L’appétit des grandes banques européennes pour engager de telles opérations est d’aboutir à une concentration d’établissements dont l’actionnariat n’est plus national comme c’est encore le cas aujourd’hui, mais le paysage a besoin d’être d’abord clarifié. Car ce serait bien le diable que de telles opérations puissent aboutir sans que des garanties soient accordées… Mais vu la taille comparée des mastodontes en question et des États qui apporteraient leurs garanties réciproques, une mutualisation du risque ne serait-elle pas indispensable ? Pour y parvenir, il reste un gros bout de chemin à faire.
Décidément, les banques n’en font qu’à leur tête. En Italie, c’est le cas de la petite Carige, fondée au XVème siècle, dont le sauvetage traine à son tour en longueur. Une intervention de l’État pourrait se révéler nécessaire, sous la forme d’une « recapitalisation par précaution ». L’intervention du fonds américain BlackRock qui était est prévue s’est révélée trop belle pour être vraie. Le sauvetage des banques aux frais de leurs actionnaires – la formule du « bail-in » – supposerait la présence au capital de Carige de dettes subordonnées en volume suffisant, ce qui n’est pas le cas, afin d’éviter que les actionnaires soient mis à contribution….