Les banques centrales n’ont pas l’intention de se laisser prendre par surprise et réfléchissent à la suite de leurs opérations. La Fed, qui est moins opaque que la BCE, pourrait adopter une politique de taux plus sophistiquée est-il envisagé en son sein.
Une interrogation est à l’origine des réflexions : comment la Fed pourrait-elle faire face à un « retournement de conjoncture » et soutenir l’activité comme il se doit ? Une question que la BCE ne manque pas de se poser tout bas. On sait que maintenir proche de zéro le taux directeur, une décision à laquelle elles se sont finalement résolues, a comme inconvénient qu’elles ne pourront jouer de cet instrument si cela se révèle nécessaire.
L’un des gouverneurs de la Fed, Lael Brainard, en tire les conséquences et souhaite qu’elle étudie la possibilité de fixer des objectifs précis pour les taux de plus long terme, dans son esprit un an ou même deux ans. Dans le cadre de cette nouvelle politique, la Fed se tiendrait prête à utiliser son bilan pour atteindre les taux d’intérêt ciblés, a-t-elle ajouté. Pour y parvenir, elle achèterait des titres obligataires afin de faire baisser la courbe des taux selon la cible déterminée.
Au lieu de fixer un montant mensuel d’achat de titres, la Fed s’engagerait sur une baisse des taux des titres et le ferait savoir aux entreprises. Elle accentuerait par là-même son contrôle sur le marché obligataire, rejoignant la démarche de la Banque du Japon. La réflexion stratégique en cours est donc d’une grande portée, conduisant si elle était appliquée à accroitre l’aide apportée par la Fed aux marchés financiers. En son cœur, le capitalisme serait assisté.
Mais les investisseurs souffrent de la politique de bas taux destinée à favoriser la relance économique, ne trouvant pas pour les masses de capitaux de plus en plus grandes qu’ils détiennent les rendements recherchées. Alors, comment baisser et augmenter les taux tout à la fois ? Pour y parvenir, on ne s’étonnera pas d’enregistrer une autre relance, celle du marché des CDO synthétiques. Face à des rendements faibles et décroissants dans un environnement de taux négatif, les investisseurs se tournent immanquablement vers l’effet de levier améliorant leurs rendements procuré par la machinerie des CDO. Le résultat est là : le volume de transactions de CDO synthétiques a progressé au rythme de 40%. Selon JP Morgan, une croissance à deux chiffres a été enregistrée les trois années précédentes, avant d’atteindre 200 milliards de dollars fin 2018.
La plupart des grands noms de la banque mondiale sont au rendez-vous du festin qui a commencé. Citigroup, Deutsche Bank, Barclays, BNP Paribas, Goldman Sachs, JP Morgan et Société Générale sont particulièrement actifs.
Dans l’argumentaire qui est délivré pour justifier que l’on n’assiste pas à une duplication de la crise des supprimes, l’un retient particulièrement l’attention. Les agences de notation ayant été précédemment mises en cause pour leur laxisme, il n’est plus question de s’en tenir à leur notation. Les investisseurs accordent la priorité à l’analyse des fondamentaux des entreprises dont les crédits sont groupés dans les tranches des CDO dont ils font l’acquisition. Qui a fait cette analyse et avec quels moyens, comment l’exercice pourra-t-il être cette fois-ci vertueux ? À l’époque, l’argument était que les actifs sous-jacents étaient des prêts hypothécaires à risque et que ce sont désormais des obligations d’entreprises offrant une qualité de crédit supérieure qui sont offertes. On en revient toujours à des propos rassurants.
Bonjour Monsieur Leclerc et merci pour ce très intéressant billet. »Les investisseurs accordent la priorité à l’analyse des fondamentaux des entreprises dont les crédits sont groupés dans les tranches des CDO dont ils font l’acquisition. Qui a fait cette analyse et avec quels moyens, comment l’exercice pourra-t-il être cette fois-ci vertueux? demandez-vous. A l’époque, l’argument était que les actifs sous-jacents étaient des prêts hypothécaires à risque et que ce sont désormais des obligations d’entreprises offrant une qualité de crédit supérieure qui sont offerts. On en revient toujours à des propos rassurants. » Il est temps de revoir l’excellent film d’A. McKay intitulé « The Big Short » (2015) pour connaître la fin probable de l’histoire. Personnellement, je vois bien une solution à toute cette dérive financière: une arrestation brutale, la confiscation de leurs biens et des années de prison pour tous ces acteurs criminels financiers.