D’où va venir la prochaine grosse surprise en Europe ? Il est encore un peu tôt pour que la coalition allemande éclate, et peut-être parviendra-t-elle même à boucler son mandat. La situation en Italie reste toujours incertaine, la Ligue pouvant à tout moment provoquer de nouvelles élections, les gagner, et changer son fusil d’épaule en s’appuyant sur celle de Silvio Berlusconi en évinçant le Mouvement des 5 étoiles.
Les élections espagnoles de ce week-end sont toutes aussi prometteuses, le PSOE n’ayant pas fait son choix entre le renouvellement de son alliance avec Podemos ou de changer de partenaire avec Ciudadanos. Partout, l’instabilité prévaut, et ce ne sont pas les élections européennes qui vont clarifier le tableau.
Cela reflète la précarité de la situation économique et sociale et le caractère trop contraignant des règles de réduction de l’endettement, rien de nouveau. Mais la crainte de déclencher une accélération du démantèlement européen en réclamant leur assouplissement est partout perceptible. L’édifice tient encore, à condition de ne pas le bousculer. Plus que jamais, c’est la politique européenne de l’Allemagne qui est en question, et sa sortie de l’eurozone serait sur le papier la moins mauvaise des solutions si elle s’y tient. Mais qui osera en être l’instigateur, quand on voit la confusion dans laquelle le Royaume-Uni est plongé ?
Le débat sur la « japonisation » atteint l’Italie suite à la parution d’un article prenant les devants dans le quotidien Corriere della Sera et signé d’Alberto Alesina, de l’université de Harvard, et de Francesco Giavazzi, de celle de Bocconi. Pas question, pour nos deux comparses, de tenter de rendre soutenable la dette comme au Japon en y faisant contribuer – selon la formule consacrée – « l’épargne interne », plus précisément la Banque du Japon qui permet aux banques commerciales du pays d’acquérir la dette avec son programme de création monétaire. La simple existence de la BCE, ainsi que ses statuts, ne permettent pas de reproduire en Europe un tel mécanisme. En d’autres termes, la politique italienne consistant à laisser filer l’accroissement de la dette tout en restant dans l’eurozone n’est pas soutenable. Remarquons seulement qu’en termes de politique monétaire nous en sommes à « un monde, deux systèmes ! » pour paraphraser Deng Xiaoping.
Les deux auteurs soutiennent que si l’Italie cherchait à simplement maintenir son endettement à son niveau actuel, sans chercher à le réduire, l’augmentation de la TVA qui résulterait automatiquement du dépassement du déficit budgétaire aurait un effet désastreux en dépit des clauses de sauvegarde. L’idée centrale, selon eux, est qu’il est préférable de réduire les coûts que d’augmenter les taxes et impôts lorsque l’on veut réduire les déficits. On ne peut mieux mettre l’impasse en évidence.