Tout reste à faire en Algérie, entre la masse des manifestants qui exigent sans faire le détail que le système tout entier dégage et l’armée qui tente de le préserver en arrondissant les angles.
Le processus prévu par la constitution, auquel celle-ci ne veut pas déroger, a le grand inconvénient de faire appel pour assurer l’intérim au président du Conseil de la Nation Abdelkader Bensalah ou à celui du Conseil constitutionnel Tayeb Belaiz, des caciques tout aussi honnis que l’était Abdelaziz Bouteflika. Et lorsqu’il est évoqué de faire appel à des personnalités indépendantes, les noms qui sortent ne vont pas de soi tant le système en a usé.
Il va falloir que l’armée fasse preuve de beaucoup de souplesse. Le Chef d’état-major Ahmed Gaïd Salah, devenu l’homme fort, a le premier fait référence aux articles 7 et 8 de la Constitution qui font état d’une manière générale du pouvoir constituant du peuple, sans autre précision. En y faisant référence, ils pourraient permettre de sortir du strict cadre constitutionnel sans trop lui froisser les ailes. La transition menant à l’élection d’un nouveau président dans les 90 jours serait alors menée par un organisme ad hoc, les deux intérimaires ayant démissionné. Et l’on peut penser qu’une formule de pouvoir collégial sous son autorité sera tentée.
Le quotidien El Moudjahid, devenu le porte-parole de l’état-major de l’armée, a ouvert cette piste ce matin en expliquant que « la réussite de la transition nécessite un passage en douceur, graduel, sans heurt, de l’actuel système à un système nouveau afin d’éviter tout dérapage ». Allant plus loin, il a évoqué à ce propos la création d’une « commission indépendante » chargée du processus électoral. De quoi alimenter la suspicion et le rejet de ceux à qui on a tant menti.
À ce stade, ce scénario reste une hypothèse fragile.