L’affrontement entre le clan Bouteflika et l’armée a précipité les évènements. Sous la pression montante de cette dernière, Abdelaziz Bouteflika n’a pas eu d’autre choix que de lâcher prise et de démissionner sans attendre.
L’armée, qui a voulu préserver l’essentiel, a coupé court à ses manœuvres en s’opposant à la tentative du frère du président, Saïd, de donner à l’ancien chef de l’État Liamine Zéroual – qui a refusé – le contrôle d’un organisme de transition chargé de la suite des opérations, une fois la démission d’Abdelaziz Bouteflika intervenue. Sa « bande » a été fustigée par le chef d’État-major Ahmed Gaïd Salah, qui a dénoncé ses opérations de « dilapidation » et de « pillage », coupant court à la tentative d’exportation de ses avoirs à l’étranger en prélude à la fuite organisée de ses principaux membres. Une douzaine d’oligarques en ont fait les frais, interdits de quitter le territoire. « Il n’y a plus lieu de perdre davantage de temps », a immédiatement mis en garde Gaïd Salah, l’affaire était bouclée.
Tout reste cependant à faire. Le général réclame l’application de la constitution en faisant référence à l’article 102 qui impose l’intérim par le président du Sénat et l’organisation d’élections présidentielles dans les trois mois par le Premier ministre, des dispositions difficilement applicables vu leur proximité avec Abdelaziz Bouteflika. Puis il a ajouté la référence aux articles 7 et 8, où il est question de la « souveraineté populaire » et du « pouvoir constituant du peuple », exprimant la volonté politique de coller avec les revendications populaires en anticipant le rejet de tout simulacre trop voyant de consultation.
Des milliers d’étudiants n’ont pas attendu pour apporter leur réponse dès mardi matin à Alger, derrière des banderoles sans ambiguïté : « nous ne voulons ni Gaïd Salah, ni Saïd » ; « le peuple veut gérer la période de transition et la formation d’une assemblée constituante ».