Socialisme ou barbarie

Dans une semaine, nous saurons si l’objectif de dons est rempli ce mois-ci, ou s’il faut par réalisme le diminuer. Qu’est-ce qu’un objectif s’il ne peut plus être atteint ? Les soutiens sont là, réguliers et même opiniâtres, mais leur nombre s’émousse avec le temps. Le nombre des lecteurs – les visiteurs uniques – s’est stabilisé, mais il est en-dessous de 8.000 lecteurs mensuels et cela est insuffisant pour cet objectif.

Pour le faire décoller, il m’est cordialement conseillé d’être d’avantage présent et de prendre d’avantage parti. Je le retiens, tout en pensant que l’indignation n’est pas une opinion quand bien même je l’a ressent. Le mode ne me convient pas. On se reconnait grâce à elle, mais on n’avance pas ! Alors quoi faire ? Question idées-force, je me sens à l’aise avec celles que Paul Jorion a résumé dans son livre « Vers un nouveau monde ». Afin de construire sur d’autres bases, un premier pas s’impose, s’évader de l’encadrement de la pensée ambiante. Et, pour démonter un mécanisme il est préférable de le comprendre. D’où le décodage des mécanismes financiers que j’ai tenté. C’était, j’en conviens volontiers, une excellente manière de les apprendre et m’a rappelé mes lointaines années d’enseignant lorsque j’avais une leçon d’avance en physique-chimie sur les élèves. J’étais plus porté sur les maths et la philo.

Comment vivre autrement ? Un grand nombre d’idées qui étaient hier partagées par très peu, dont votre serviteur, étaient cataloguées comme des utopies saugrenues. Elles sont désormais sur le devant de la scène. Parmi lesquelles figurent le revenu universel, la gratuité, les biens communs… Elles ont le mérite de permettre de sortir du cadre, quand bien même elles sont mises à toutes les sauces, souvent dévoyées de leur intention initiale afin de les y faire rentrer à nouveau, la rançon de la gloire ! Mais il n’empêche, elles ont la vie dure. Notre société est entrée dans une profonde crise dont elle ne va pas sortir à l’identique. Reste à savoir en quoi elle va différer !

Peut-on aller au-delà de ces concepts centraux en décrivant leurs applications ? La tâche est collective et ne peut être valablement accomplie que par ceux qui vivent par leur métier et leur vie de tous les jours la crise chronique du capitalisme. La rupture entre la société actuelle et la nouvelle se manifeste d’abord dans les idées, puis dans les actes. Ceux qui sont au plus près confrontés aux dysfonctionnements de l’actuelle, irrévocablement en fin de vie, sont le plus en mesure, dans le travail et la vie courante, d’imaginer des modèles alternatifs. C’est aussi vrai dans la santé que dans l’enseignement, pour prendre des exemples. La qualité de la vie, qu’elle soit de l’air ambiant, de la nourriture ou bien des rapports humains, est devenue une préoccupation de tout premier ordre, tel un moteur qui guide la protestation et l’action.

Une vieille idée peut être empruntée pour aider à sortir du cadre. Elle consiste à formuler des revendications de transition imprimant à la lutte menée pour en obtenir satisfaction une dynamique allant plus loin car contenant en germe une rupture.

Des innombrables débats aboutissent en ce moment à la version moderne des cahiers de doléance. Sans attendre un grand chambardement, des travaux-pratiques se sont multipliés. Rendre cause de ce fourmillement, cette autre face des manifestations qui nous ont pris par surprise, ce n’est évidemment pas à la portée d’un blog, j’y reviens… Cela part dans tous les sens et dans tous les coins, et c’est à cela que l’on reconnait la profondeur d’un mouvement. Une nouvelle société s’esquisse devant nous, mais son avènement n’est pas garanti.

Le moment serait-il venu pour moi de lever le pied ? Il est trop grisant de se demander en permanence quel va être le prochain épisode de cette mutation incertaine et comment va se terminer celle qui est en cours. Tout en ressentant une profonde inquiétude, pour le cas où cela tournerait mal car l’époque est profondément contradictoire, le reflet d’un rapport de force qui se cherche. En ce qui me concerne, le choix entre socialisme ou barbarie n’a pas pris une ride, même si les représentations en ont évolué.

À la fin des représentations théâtrales espagnoles, il était coutume qu’un comédien s’avance sur le devant de la scène et s’adresse au public en lui demandant de « pardonner les fautes de l’auteur » ! je vais y ajouter « merci de votre générosité ! »

8 réponses sur “Socialisme ou barbarie”

  1. « …En ce qui me concerne, le choix entre socialisme ou barbarie n’a pas pris une ride, même si les représentations en ont évolué… »

    En quoi vraiment François le combat pour le socialisme a-t-il évolué ?

    Est ce de confondre la fin et les moyens ? Qu’y a-t-il de neuf à mettre en avant des cahiers de doléances comme par exemple celui ci :

    « …Des innombrables débats aboutissent en ce moment à la version moderne des cahiers de doléance. Sans attendre un grand chambardement, des travaux-pratiques se sont multipliés (…) le revenu universel, la gratuité, les biens communs…  »

    Non François ces espérances n’ont pas « … le mérite de permettre de sortir du cadre .. », elles nous enferrent dans le vœux pieux du judéo- christianisme en particulier, des religions en général !

    « …À la fin des représentations théâtrales espagnoles, il était coutume qu’un comédien s’avance sur le devant de la scène et s’adresse au public en lui demandant de « pardonner les fautes de l’auteur » ! … »

    Vous hésitez beaucoup, donc vous fautez, hésiter c’est se tromper, à revenir à cette vieille idée pouvant être empruntée pour aider à sortir du cadre. Sortir du cadre c’est déclarer la guerre à tous les suppôt du capitalisme.

    Elle consiste à formuler des revendications de transition, imprimant à la lutte menée pour en obtenir satisfaction, une dynamique allant plus loin car contenant en germe une rupture.

    Mesurez bien la portée de cette phrase extraite du programme révolutionnaire de transition des bolcheviques-léninistes des années 30 :

    « Les défaites tragiques subies par le prolétariat mondial durant une longue série d’années ont poussé les organisations officielles à un conservatisme encore plus grand et ont conduit en même temps les « révolutionnaires » petits-bourgeois déçus à rechercher des « voies nouvelles ». Comme toujours, dans les époques de réaction et de déclin, apparaissent de toutes parts les magiciens et les charlatans. Ils veulent réviser toute la marche de la pensée révolutionnaire. Au lieu d’apprendre du passé, ils le « corrigent » (…)

    Les uns découvrent l’inconsistance du marxisme, les autres proclament la faillite du bolchevisme. Les uns font retomber sur la doctrine révolutionnaire la responsabilité des erreurs et des crimes de ceux qui l’ont trahie (…)

    Regarder la réalité en face; ne pas chercher la ligne de moindre résistance; appeler les choses par leur nom; dire la vérité aux masses, quelque amère qu’elle soit; ne pas craindre les obstacles; être rigoureux dans les petites choses comme dans les grandes; oser, quand vient l’heure de l’action : telles sont les règles de la … Internationale. Elle a montré qu’elle sait aller contre le courant. La prochaine vague historique la portera à son faîte (…)

    https://www.marxists.org/francais/trotsky/livres/trans/tran18.html

    Socialisme ou barbarie François !

    Mais allez au socialisme ne consiste pas à faire miroiter un monde meilleur, égrener des revendications sociales, mais parler tactique, stratégie, politique … et dictature du prolétariat !

    Le revenu universel, la gratuité, les biens communs ?

    Oui ! Mais encore faut-il dire haut et fort que le réformisme est mort, que seulement la révolution ouvrière et le socialisme apportera potentiellement l’espérance !

    Que manque-t-il aux gilets jaunes du monde entier François ?

    Vous ! Avec un collectif communiste, un programme, une volonté !

    https://www.youtube.com/watch?v=N6Kd5km0ij0&index=9&list=OLAK5uy_nYAQzzhmo73KgjBrIW0qXuw9yv8i7FbkI

  2. Bonjour François,
    Votre objectif est atteignable à condition que 200 donateurs réguliers vous versent 5 euros par mois ce qui semble accessible si vous avez environ 8000 lecteurs uniques réguliers comme vous semblez le dire.
    Vous ai-mal compris quand au nombre de vos lecteurs réguliers ? Est-bien 8000 ?
    Dans l’affirmative, nous serions sur un niveau de dons moyen de quelques dizaines de centimes d’euros.

    1. @ Jean Paul Michel

      1. Je supporte à 100 % votre analyse et votre recommendation. En plus: partiellement l’attitude un peu ‘obstinate’ de M. Leclerc est la cause même de la misère quant au goulot d’étranglement de la levée des fonds. Une position qu’il comparte avec la gestion du Blog PJ.

      Les deux Caballeros FL et PJ refusent de nous donner la possibité de payer à travers du système européen IDEAL.

      C’est là leur prérogatif.

      Moi de ma part, je refuse d’utiliser leur système ‘gringo’ paypal.

      Alors: de deux: soit on nous donne la possibilité aussi de payer par IDEAL, soit on manque des revenus.

      La décision se trouve dans les mains des Caballeros mêmes.

      2. Ce qui aidera beaucoup aussi à la levée des fonds, est de s’autocritiquer un peu plus en ce qui concerne ce ton fatiguant du déclin de l’occident.

      Répéter chaque fois les mots de Oswald Spengler, et, ce qui est le reflet égal dans un miroir autoritaire, reproduire et donner espace sans critique, chaque fois les /aux horreurs du socialisme réel (dictature du prolétariat, centralisme démocratique, comités centraux, polices secrètes, camps de concentration, comités de la défense de la révolutions, et autres horreurs du socialisme) , cela va fatiquer, et cela crée des doutes quant aux intentions du blog.

      Le silence permanent et consistant quant aux alternatives en Europe, et, veuiller le notez bien, mentionnées comme alternative réelle à chaque reprise par M. Stiglitz et autres, et, en contraste, FEROCEMENT attaquées chaque fois par D. Trump, cela suppose un petit peu de la manipulation effective du coté du blog.

      Alors: il serait un fait de réjouissance d’exliquer comment la social-démocratie en Suède a pu isoler avec du grand succès aux forces de l’extrème droite, comment la social-démocratie en Suède a pu réaliser une (très) grande partie du programme Jorion (gratuités totales ou partielles, de la santé, de l’éducation, de l’accès à la culture, la garde des enfants, congé parental etc etc), en contraste TOTAL avec la situation scandaleuse aux Pays-Bas où l’ultradroite vient d’obtenir la victoire dans cette barbarie napoléenne qui s’appelle sénat et dans les conseils provinciaux, (Thierry Baudet), et où les laquais de Bolkestein se dépèchent à faciliter l’accès du clown Baudet au pouvoir exécutif.

      (Attention: aves le félicitations directes de l’inspirateur de Putine: https://www.nrc.nl/nieuws/2019/03/24/poetin-adviseur-aleksandr-doegin-baudet-is-ticket-voor-de-toekomst-a3954364).

      Et ne l’oublions pas: le même parti qui s’occupe de l’accès au pouvoir de l’extrème droite aux Pays-Bas, est le parti qui s’efforce de s’associer à M. Macron pour réaliser son agenda européen. Ce qui se passe aux Pays-Bas aura des conséquences indirectes ou directes en France, si vous ne l’aimerez oui ou non.

      Alors: les deux conclusions sont assez simples:

      a. si M. Leclerc nous donne la possibilité de lui envoyer des fonds à travers de IDEAL, nous pourrions l’appoyer FACILEMENT avec 8.000 lecteurs/lectrices avec chacun.e EUR 0,50 par mois, ce qui va générer EUR 4.000 par mois à lui.

      b. un peu moins de pessimisme francais style Le Pen svp et un petit plus optimisme style la Suède, comme nous montre aussi notre copine Greta Thunberg (https://www.youtube.com/watch?v=ujlG0YVr1jY).

      Et dans le secteur des services financiers, svp un petit peu plus les analyses de la Banque Centrale plus vieille de l’humanité:

      https://www.riksbank.se/en-gb/

      Bien à vous. JL

  3. Désolé d’enfoncer une porte grande ouverte, mais il est totalement impossible d’instaurer le socialisme en restant dans l’Union européenne.

    Les traités européens sont un carcan juridique néolibéral qui interdit toute remise en cause du pouvoir de l’argent. Il est donc impossible de mettre en place les solutions proposées par Paul Jorion par exemple, puisqu’elles sont en contradiction avec le droit européen.

    Bref, il faut commencer par choisir entre l’Union et le socialisme.

    1. Roberto
      Le socialisme dans un seul pays est possible, mais souvent c’est la ‘cata’.
      Et dans une économie mondialisée, une planète au sens éco-physique, sans frontières, difficile de faire avancer la cause humaniste en se privant d’un niveau d’action coopérative. Parce que la tendance aujourd’hui au niveau de Etats ce n’est pas le multilatéralisme, mais le bilatéralisme.

      1. Et tu comptes sur un Parlement européen qui n’a même pas le pouvoir d’amender les textes qui lui sont proposés, pour mettre à bas des traités dont le changement de la moindre virgule nécessite l’unanimité des états membres ?

        1. je compte sur une évolution qui sera imposée par les circonstances, et si l’Union ne se résout pas à prendre les bonnes mesures, elle disparaîtra d’elle-même.

          1. Nous n’avons plus le temps pour ces bêtises Pierre-Yves, et le terme est poli concernant l’espoir que des politiques néolibérales se transmuteront par miracle en politiques socialistes.
            D’après le GIEC, il ne nous reste plus qu’une quinzaine d’années (peut-être un peu plus, peut-être… un peu moins) avant que la machinerie climatique n’atteigne ses points de bascule et nous fasse entrer définitivement dans un cycle climatique qui changera radicalement le visage de cette planète.
            Pour le dire encore plus poliment, penser que les mécanismes politiques (ainsi que les hommes qui en furent responsables) qui nous mènent à l’extinction sont la solution, est une grosse… disons erreur.

            Une erreur qui nous fait perdre un temps que nous n’avons plus !

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