« Il n’y a aucune raison pour que l’économie ne continue pas de croître » a déclaré dimanche dernier le président de la Fed, Jay Powell, lors de l’émission « Sixty minutes » sur CBS. Comme si, pour lui, l’inconcevable ne pouvait arriver.
Benoît Cœuré, membre du directoire de la BCE, est bâtit du même bois pour affirmer, lundi dernier dans le Corriere della Sera, qu’il ne voit aucun signe de récession, le jour même où le gouvernement allemand abaisse à nouveau ses prévisions de croissance 2019, qu’il prévoit désormais de 0,7% . Le premier tire comme conclusion qu’il ne faut éprouver « aucun empressement » à augmenter les taux d’intérêt, le second, moins disert, qu’il faut garder le cap mais ajuster le tir…
Cela rappelle qu’il était inconcevable que les prix de l’immobilier américain, considérés comme allant toujours augmenter, puissent un jour chuter. Et que la crise financière n’a pas eu d’autre détonateur…
La croissance en soi – malgré que sa mesure soit reconnue comme insatisfaisante – a longtemps été considérée comme synonyme de progrès et de mieux-être. Un premier coup a été porté à cette vision lorsqu’il s’est avéré qu’elle pouvait reposer sur une détérioration des ressources et des équilibres fondamentaux de notre planète. L’enrichissement inégal, désormais dénoncé par les grandes organisations internationales comme un danger, lui portera le second faute qu’il y soit remédié.
Les banquiers centraux seraient bien avisés d’approfondir leurs critères d’analyse. De ne plus faire référence au chômage mais au taux d’emploi par exemple, afin de prendre en compte la détérioration de sa qualité. Afin de ne pas être dérouté par des phénomènes nouveaux, mieux vaut les ignorer. C’est tout un état d’esprit qu’il faut changer.
La « une » du journal Les Échos donne une magnifique illustration d’information tendancieuse. Dans son édition du 8 mars, elle annonce sur trois colonnes « La BCE forcée de soutenir à nouveau la zone euro » en escamotant que l’aide est en réalité apportée aux banques…
Dans le but de prévenir la dépendance de ces dernières aux facilités de la BCE, celle-ci s’apprêterait à calibrer sa troisième vague de TLTRO de manière moins avantageuse en termes de taux que les précédentes. En reconnaitre le risque est déjà un premier pas, à quand le second qui consistera à prendre acte que la dépendance est déjà bien ancrée ?