Le système financier est plus que jamais assisté, comme en témoignent les nouvelles mesures annoncées par la BCE.
Précédemment, celle-ci avait repoussé la hausse de son principal taux directeur ainsi que la date à laquelle elle cessera de réinvestir dans son stock d’obligations pour le maintenir à volume constant, qui interviendra « bien au-delà après » son intervention sur son taux. Elle a aujourd’hui annoncé une seconde vague de prêts géants entre septembre 2019 et mars 2021, les TLTRO. Leur maturité sera de deux ans, et l’on ne sait pas encore si, comme la première vague, ces prêts seront à 0%, voire à -0,40% comme c’était le cas pour certains. Les banques emprunteuses bénéficiaient d’un taux négatif à condition d’utiliser ces fonds pour des opérations de crédit et non de spéculation. On connait son monde.
Officiellement, l’objectif est de « préserver des conditions de crédit favorables » et de favoriser « une bonne transmission de la politique monétaire » à l’économie, c’est-à-dire la redistribution de ces liquidités sous forme de crédits aux entreprises et aux ménages. La BCE doit sauver les apparences et rester dans le cadre de sa mission qui est d’assurer la stabilité des prix, au risque sinon d’être poursuivie devant la Cour européenne de justice comme cela s’est déjà vu.
Mais les esprits chagrins auront noté qu’un nouveau ratio de liquidité, une mesure de régulation bancaire, entre en vigueur cette année, et que les prêts du précédent TLTRO devront commencer à être remboursés l’an prochain. Permettant de penser que la BCE donne un coup de main aux banques afin qu’elles puissent faire face à leurs obligations, en particulier faire « rouler » leur dette envers la BCE grâce à de nouveaux prêts… Les TLTRO auraient-ils vocation à rester de manière permanente dans le paysage se demandent les mêmes esprits chagrins ?
Tout en diminuant ses prévisions de croissance et d’inflation de la zone euro, la banque centrale persiste à penser qu’une récession est peu probable. Pourtant, l’Italie, troisième puissance économique de la zone s’y trouve déjà, et l’Allemagne en est au bord. Les gouverneurs ont besoin de croire que demain tout ira mieux, et ils ne sont pas les seuls. Si l’on recherche un second avis, l’OCDE le fournit en réduisant son pronostic pour l’Allemagne, pour laquelle elle prévoit 0,7% de croissance cette année, tout en s’attendant à une récession en Italie.
On lit partout que la BCE soutient l’économie, c’est un abus de langage : c’est le système bancaire qui bénéficie de ses meilleures attentions.
Bonsoir François,
Petite question technique :
« ainsi que la date à laquelle elle cessera de réinvestir dans son stock d’obligations pour le maintenir à volume constant, qui interviendra « bien au-delà après » son intervention sur son taux. »
Cela signifie bien que le QE continue, mais de façon un peu moins flagrante ?
Au fur et à mesure que des titres détenus par la BCE arrivent à échéance (à maturité), d’autres sont achetés pour un même montant. Les achats se poursuivent, mais à un moindre niveau.