L’ouverture de la session annuelle du parlement chinois par le premier ministre Li Keqiang éclaire la situation économique du pays, non sans quelque parcimonie.
Comme toujours, il est préférable de ne pas s’en tenir à la prévision de croissance du PIB, cette année annoncée de 6 à 6,5%. S’il est un chiffre politique, c’est bien lui. Rappelons qu’il était en Chine considéré vital, il y a encore peu, de ne pas descendre en dessous de 8% afin d’éviter les mouvements sociaux, la hantise du Parti-État. Le plancher a donc été crevé. Et les prévisions de croissance de 5% des spécialistes de l’économie chinoise ne sont pas meilleures.
La relance de l’économie chinoise est plus que jamais à l’ordre du jour, mais elle rencontre de nombreux obstacles. Selon le Premier ministre, « la conjoncture tant nationale qu’internationale a fait basculer notre développement dans un environnement d’une grande dureté et complexité, marqué par une multiplication et une aggravation des risques et des défis ». Et il ne peut être question d’un nouveau plan massif d’injection de liquidités en raison du niveau d’endettement des entreprises et des collectivités locales. La réduction des risques liés à l’endettement était privilégiée l’an dernier, l’accent est cette année mis sur le soutien à l’activité et à l’emploi. Préserver la stabilité sociale devient l’objectif numéro un.
Un ensemble de mesures somme toute modeste a été annoncé au Parlement par le Premier ministre, fait de baisses d’impôts pour les entreprises et les ménages, accompagnées comme c’est l’usage de nouveaux projets d’infrastructure. Du pouvoir d’achat sera libéré, dont il est espéré qu’il contribuera à l’accroissement de la production d’objets manufacturés, et donc de la consommation.
La banque centrale chinoise ne sera plus seule à œuvrer à la relance en favorisant le crédit, mais en contrepartie le déficit budgétaire va être creusé. Et les banques vont être incitées à orienter leur politique de crédit vers « l’économie réelle », l’endettement global va encore progresser, bien que plus lentement.
Les déclarations des négociateurs américains et chinois ne sont pas d’un grand secours pour comprendre les chances de concrétisation d’un accord dont Donald Trump et Xi Jinping ont tous deux besoin. Qui plus est, les deux économies sont suffisamment liées pour se faire du tort l’une à l’autre dans la compétition qui les oppose. Dans l’immédiat, le président américain a l’avantage de pouvoir peser sur la croissance chinoise avec ses mesures massives de taxation atteignant les exportations, mais à terme il se bat le dos au mur en tentant d’empêcher la Chine de lui ravir le leadership économique mondial, avec tout ce qui en découle pour la suprématie du dollar. Tout au plus peut-il en retarder l’échéance.
Dans l’immédiat, les deux puissances pourraient se mettre d’accord afin de prolonger la trêve et éviter l’escalade en se prévalant d’avancées significatives dans les négociations. Mais ensuite cela n’en finira pas.
Le plan stratégique pour 2025 du président chinois pourra bien connaître quelque retard, mais des moyens impressionnants sont déjà déployés. Pour s’en faire une idée, il suffit de consulter la liste des dix sociétés destinées à devenir des entreprises de premier rang sur les marchés du monde entier, ces mastodontes désignés par l’organe de régulation des entreprises d’État. Leurs noms parlent d’eux-mêmes. Ce sont China Aerospace Science and Technology Corporation, China National Petroleum Corporation, State Grid Corporation of China, China Three Gorges Corporation, China National Aviation Holding Company, China Mobile Communications Group, China State Construction Engineering Corporation, et China General Nuclear Power Group. Leurs premières réalisations ne manquent pas.
Petit détail supplémentaire, la première puissance économique sera une société de surveillance accomplie mobilisant les moyens de la haute technologie.