La liste noire contre le blanchiment de l’argent et le financement du terrorisme, qui comporte seize pays, est décidément un sujet très politique. Et ce ne sont pas les efforts de la Commission destinés à protéger le système financier de l’Union de « carences stratégiques » qui y remédieront.
Celle-ci a proposé au Conseil européen, décisionnaire en la matière avec le Parlement, d’y ajouter sept pays, mais elle n’est pas parvenue à obtenir la majorité requise de 21 États sur 28. Dès qu’il s’agit de finance, les majorités qualifiées représentent par leur ampleur des obstacles difficilement franchissables. Il faut dire que parmi ces nouveaux pays figurent le Panama mais aussi l’Arabie saoudite, et que le Groupe d’action financière (GAFI), qui a la haute main sur le sujet au niveau international et défend son pré carré, est actuellement présidé par les États-Unis.
Pourtant, le fait de se retrouver sur cette liste ne déclenche pas de sanctions, mais il oblige seulement les banques européennes à appliquer des contrôles renforcés sur les opérations financières avec des clients ou des établissements financiers y figurant. Si les États-Unis et la monarchie wahhabite ont un pacte ancien qui ne se dément pas, et si le gouvernement français défend ses marchés militaires à l’export, une autre puissante raison que ces simples contingences explique leur refus de voir l’Arabie saoudite inscrite sur cette liste de la honte : rien ne doit faire obstacle à la circulation des capitaux et à l’opacité du système financier. Et il a été suffisamment montré que les capitaux de tous genres – notamment l’argent de la drogue et des trafics – ainsi que de toutes provenances coexistaient en son sein pour le plus grand profit de tous les intervenants.