Transparency international pointe du doigt l’Eurogroupe, la réunion des ministres des finances de pays de la zone euro. N’ayant aucune existence dans les traités, ne produisant aucun compte-rendu de ses fréquentes réunions, l’Eurogroupe joue le rôle d’une direction de l’économie de fait, comme abondamment illustré ces dernières années, justifiant aux yeux de l’ONG qu’il soit contrôlé par le Parlement européen.
Un tel contrôle, pour commencer, permettrait de se tenir au courant des discussions provoquées par les prévisions à la baisse de la croissance et de l’inflation qui se renouvellent et des questions que cela suscite dans cette instance. À moins qu’elles n’en suscitent même pas, ce qui au demeurant est le plus probable…
Prenant la succession du FMI et de la BCE, la Commission a actualisé ses prévisions en n’accordant qu’un maigre 1,3% de croissance en 2019 à la zone euro, une moyenne prenant en compte la récession italienne ainsi qu’une problématique baisse de la croissance allemande. Sans conduire les autorités allemandes à assouplir leur politique budgétaire européenne, tout au contraire, créant les conditions d’un approfondissement d’une crise politique tout azimut déjà bien engagée – chaque pays suivant sa propre formule déconcertante – et du démantèlement européen. Confer à ce propos l’épisode franco-italien en cours. À quand des craquements dans le couple franco-allemand ? Les premiers interviennent à propos du projet russo-allemand de pipeline Nord Stream 2, qui ont nécessité de toute urgence d’adopter un compromis franco-allemand.
Les prévisions économiques sont à nouveau revues à la baisse, et ce n’est probablement pas fini. D’autant qu’il n’est trouvé comme raison à cette détérioration que des facteurs à court terme puisés dans l’actualité du moment, faute de prendre en compte le profond tournant qui est engagé. Il est vrai que le sujet est délicat, car il n’est pas plus appréhendé dans toute son ampleur que la crise financière ne l’a été annoncée il y a onze ans. Rivée à ses dogmes, la science économique est décidément bien démunie.
Si les banques centrales doivent se préparer à la prochaine crise, il continu d’être attendu des États qu’ils fassent assaut de vertu budgétaire. Le président de la Cour des comptes Didier Migaud s’est fait une spécialité du rôle de redresseur de tort, menaçant des foudres des marchés quand le moment sera venu, contredisant sa placidité actuelle. On ne perdrait rien pour attendre car ils s’y prépareraient, les signes présageant de leur réaction ne manquant pas, est-il constaté, dont le relâchement constaté en France (où le seuil de 3% du PIB de déficit va être franchi) et en Italie (où il s’en rapproche).
Aucune prévision ne tenant décidément la route, les taux obligataires européens ne se tendent pas comme prévus, donnant un peu de mou dans la laisse. La prudence de la BCE en est à l’origine, mais on y trouve aussi la main du marché. La demande des investisseurs est supérieure à l’offre lors des adjudications, signe qu’ils cherchent un refuge sur le marché obligataire, la dette publique étant finalement le placement le moins risqué, quitte à s’accommoder de taux négatifs. Le financent du renouvellement de la dette publique et des nouveaux déficits en ressort à moindre coût, donnant un peu de répit. Les mauvais esprits rajouteront que ce n’est que pour mieux sauter plus tard. À l’image de l’Italie, qui a surmonté la première épreuve mais que d’autres attendent.
En cas d’accès de fièvre, la BCE n’est toutefois pas désarmée, disposant de la formule des « TLTRO » qui permet de prêter à long terme aux banques à des conditions avantageuses. Dans une de ces formules qu’il affectionne afin de montrer sa détermination, Mario Draghi a également l’hypothèse d’un recours « à toutes les composantes de sa boîte à outil »…
De nouveaux dangers seraient-ils perceptibles depuis Francfort où siège la BCE ? Réponse dans la prochaine chronique…
Que faut-il espérer d’un système qui ne crée pas de la convergence mais plutôt de la divergence, l’euro étant trop faible pour certains (Allemagne) et trop fort pour d’autres (Portugal, Espagne,…).
Ce système favorise les forts et pénalise les faibles. Quant à la solidarité entre les pays, les contribuables allemands, hollandais et autres n’accepteront jamais de soutenir (autrement que par des prêts) les pays de l’Union en difficultés. On aurait beaucoup à apprendre à cet égard de la vraie solidarité qui existe entre les Etats américains, quand la Californie aide la Floride il ne s’agit pas de prêts remboursables. Le système actuel est boiteux, soit il devient vraiment solidaire avec plus de compétence accordée à la Commission européenne, mais cela semble bien illusoire soit il finira par disparaître le Brexit n’étant que la première étape du délitement.
Si j’ai bonne mémoire, le ‘ssssserpent monétaire européen’, c’était pas top non plus…