D’incontestables progrès ayant été enregistrés, les 47 réfugiés à bord du Sea-Watch 3 n’ont cette fois-ci attendu que dix jours en mer avant d’être autorisés à débarquer, transis de froid, dans le port sicilien de Catane.
Ils seront finalement répartis entre six pays, l’Allemagne, la France, Malte, le Luxembourg, le Portugal et la Roumanie. Mais ce qu’il adviendra du navire lui-même est moins clair. Le choix du port de Catane n’est pas innocent, le procureur de Catane Carmelo Zuccaro, s’étant déjà illustré en plaçant sous séquestre en 2018 un navire de l’ONG, dans le cadre d’une enquête pour aide à l’immigration clandestine diligentée contre ses responsables qui avaient refusé de remettre aux gardes-côtes libyens les réfugiés qu’ils avaient secourus en mer. L’autre port possible était cette fois-ci celui de Syracuse, dont le procureur Fabio Scavone a lundi dernier estimé que le commandant du Sea-Watch 3, accusé d’avoir préféré l’Italie à la Tunisie, n’avait commis aucun délit et avait « choisi la route qui semblait la plus sûre sur le moment ». Le placement sous séquestre initial a depuis été levé par la justice italienne, mais l’enquête suit son cours.
Qu’adviendra-t-il du Sea-Watch 3 ? Les dirigeants de l’ONG ont écrit sur leur compte twitter « nous espérons le meilleur, et nous nous préparons au pire ».
Matteo Salvini, le ministre de l’Intérieur de la Ligue, a de plus grandes ambitions, poursuivant l’objectif de cesser une fois pour toutes d’être sous la pression des ONG. Préparant une prochaine étape, il travaille à l’interdiction qui serait faite à leurs navires de pénétrer dans les eaux territoriales italiennes. Le ministre s’appuie sur le code de la navigation italien et se préparerait à invoquer le cas qui y est prévu, lorsque des bateaux peuvent être considérés comme « offensifs » et « représenter un risque pour la sécurité nationale ». C’est on ne peut plus tiré par les cheveux.
Côté brassage des idées en l’air, les sept pays européens du Sud – Italie, Grèce, Chypre, Malte, Espagne, Portugal, France – ont réaffirmé, dans une déclaration finale à l’issue du sommet qui vient de se tenir, la nécessité de mettre en place des mécanismes opérationnels de répartition des personnes ayant droit à l’asile.
Emmanuel Macron n’a pas été en reste en demandant des « solutions humaines », mais la conférence n’a pas progressé, l’accent étant mis à son issue sur le travail opéré sans plus de résultat par la Commission de Bruxelles. Qu’on se le dise en ces temps de Grand débat en France, le président est ferme sur les principes mais souple sur leur application.