En exil à Londres, l’écrivain chinois Ma Jian a retrouvé sa liberté de parole et publie un nouveau livre intitulé « China Dream », qu’il a dédié à George Orwell, dont on suppose qu’il a pris connaissance de son œuvre depuis son départ de Chine en 2011, après avoir été arrêté pour « pollution culturelle », condamné à l’exil intérieur, puis à rejoindre l’occident.
En Chine, Ma Jian disposait d’un statut un peu particulier, en raison de l’interdiction de ses ouvrages mais également de sa disparition de la liste officielle des écrivains ainsi que, pour faire bonne mesure, de l’impossibilité de mentionner même son nom dans les médias. Cela permet de mieux apprécier qu’il ait choisi le titre de son roman en référence au slogan du président Xi Jinping, « Le rêve chinois ». Le conduisant à faire de son personnage principal un fonctionnaire du Parti en charge du « Bureau du Rêve chinois », dont la mission est d’effacer des esprits « tous les rêves et souvenirs privés ». Ce fonctionnaire étant hanté par des cauchemars du temps de la Révolution culturelle, il ne lui reste plus qu’à se laver lui-même le cerveau…
« La dystopie d’Orwell est le présent de la Chine » explique le romancier, qui a été motivé dans son roman « par les fausses utopies qui asservissent et infantilisent la Chine depuis 1949 » a-t-il déclaré à l’AFP. « Les gens ont fini par avaler que le miracle économique national était dû aux chefs du Parti et non aux légions de travailleurs sous-payés… Le consumérisme frénétique transforme les citoyens en enfants attardés, nourris, vêtus et divertis, mais sans aucun droit de se remémorer le passé ni de poser des questions ».
A ce jour, la Chine expérimente Sesame credit, qui a vocation à établir la note sociale de chacun.