Considéré comme technique et fragile, le rebond enregistré hier à Wall Street, suivi d’une nouvelle rechute aujourd’hui, doit-il faire revenir sur le diagnostic que la chute du début de semaine n’était pas une banale correction ? Alors que c’est un sérieux avertissement.
Les milieux d’affaires n’ont pas lancé cette mise en garde pour protester contre les pressions exercées par Donald Trump afin que la Fed ne remonte pas son taux. Car s’il est un aspect de sa politique qu’ils partagent, c’est bien la défense des taux bas : on ne tue pas la poule aux œufs d’or. Ils ne sont donc pas les derniers à demander à Jerome Powell des explications : pourquoi augmenter le principal taux de la Fed ? En raison de quel risque d’inflation, font-ils valoir, les hausses de salaires étant contenues ?
À quoi s’opposent-ils alors ? Gageons qu’ils ne veulent pas être mis par le président devant des faits accomplis, comme ces militaires qui doivent digérer en silence le retrait de leurs troupes de Syrie avec lequel ils ne sont pas d’accord. Et qu’un président de la Fed « indépendant », même nommé par Donald Trump, est la meilleure garantie possible, quitte à ne pas toujours être d’accord avec ses décisions, un moindre mal en quelque sorte. Alors, pas touche à Jerome Powell, son président !
Dans leur collimateur se trouve derrière la guerre commerciale engagée avec la Chine. Là est le gros malaise. Partie pour s’éterniser, celle-ci va finir par affaiblir la croissance, comme le FMI ne cesse de mettre en garde, et atteindre en retour l’économie américaine. La marche en avant de la mondialisation est stoppée, mais celle-ci n’a pas été détricotée. Les activités de production reposent toujours sur un ballet d’importations et d’exportations, et lever des barrières douanières désorganisera des systèmes conçus pour des flux tendus, puis en augmentera les coûts.